
Né sur une boucle Telegram en mai 2025, le mouvement « Bloquons tout » prend de l’ampleur en France. Il appelle à une mobilisation massive le 10 septembre, avec pour objectif de « bloquer » le pays. Ce mouvement est apparu lorsque Julien Marissiaux, un père de famille originaire du Nord, a publié un message invitant les citoyens français à cesser toute activité en signe de protestation.
Le mouvement « Bloquons tout » se revendique comme un collectif citoyen « apartisan » et non structuré, mais il est scruté de près par les autorités en raison de son caractère « antisystème » et « souverainiste ». Le groupe à l’origine de cet appel, « Les Essentiels », fondé par Julien Marissiaux, diffuse sur ses plateformes des positions anti-Europe et anti-élite. On y trouve des théories conspirationnistes, comme des allégations sur l’influence des francs-maçons sur le pays ou des vidéos générées par IA mettant en scène des personnalités politiques comme Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron contrôlées par des ficelles.
La diffusion des appels à la mobilisation est amplifiée par l’apparition de nombreux faux profils sur les réseaux sociaux. Ces comptes suspects suscitent des craintes quant à une possible instrumentalisation du mouvement. Si le mouvement a gagné en visibilité en juillet suite aux annonces budgétaires de François Bayrou, il s’est progressivement structuré autour de sympathisants de la gauche radicale, notamment des électeurs de Jean-Luc Mélenchon.
Malgré l’absence d’une structure hiérarchique claire, le mouvement a reçu le soutien de certains partis de gauche et de syndicats, bien que d’autres acteurs politiques et syndicaux restent prudents face à ses revendications jugées « nébuleuses ». L’enquête de la Fondation Jean-Jaurès révèle que les participants sont des individus très politisés, souvent jeunes et diplômés, et que le mouvement est davantage motivé par un « projet politique global » et une quête de « justice sociale » que par une « détresse matérielle personnelle ».