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Une juge de Floride a ordonné la fermeture du centre de rétention de migrants surnommé l'« Alcatraz des alligators » et le retrait de ses équipements sous 60 jours. Les autorités floridiennes feront appel.

Une juge de Floride a pris une décision retentissante jeudi 21 août, interdisant à l’administration Trump et aux autorités de Floride de placer de nouveaux migrants dans le centre de rétention controversé surnommé l’« Alcatraz des alligators ». Plus significatif encore, elle a ordonné le retrait sous soixante jours de nombreux équipements, ce qui équivaut à une fermeture à terme de l’installation. Les autorités de Floride ont déjà annoncé leur intention de faire appel de cette décision.

Le centre de rétention avait été mis en place à la hâte en juin, avec des lits superposés, des cages grillagées et des pavillons de toile, sur un aérodrome abandonné au cœur des marécages des Everglades. La Maison Blanche et les autorités locales l’avaient surnommé l’« Alcatraz des alligators », en référence à l’ancienne prison de la baie de San Francisco que le président américain, Donald Trump, a l’intention de rouvrir. Initialement, quelque 3 000 places étaient prévues en Floride, selon Kristi Noem, ministre de la sécurité intérieure. Cependant, le centre a rapidement suscité l’indignation des associations environnementales, les Everglades étant une zone protégée, ainsi que des défenseurs des droits humains.

La décision de la juge Kathleen Williams fait suite à une procédure engagée par deux associations arguant que le centre menace l’écosystème fragile des marécages environnants et qu’il a été construit sans études d’impact environnemental. Début août, la juge avait déjà ordonné la suspension temporaire de toute nouvelle construction. Cette fois, elle enjoint l’administration Trump et l’État de Floride, gouverné par le républicain Ron DeSantis, de retirer sous soixante jours toutes les clôtures temporaires, les éclairages, les générateurs et les systèmes de traitement des déchets et des eaux usées. Elle a également interdit « d’amener toute nouvelle personne sur le site qui n’était pas déjà détenue sur place au moment où cette ordonnance a pris effet ».

L’« Alcatraz des alligators » est rapidement devenu un symbole fort de la politique migratoire répressive de Donald Trump. Plusieurs immigrés détenus dans le centre ont décrit à l’Agence France-Presse des conditions de détention épouvantables. Luis Gonzales, un détenu, a témoigné par téléphone : « Même un animal ne serait pas traité ainsi. C’est de la torture », décrivant une cellule rarement nettoyée partagée avec une trentaine de personnes, où les températures étaient caniculaires le jour et glaciales la nuit, avec une omniprésence de moustiques.