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Le Yémen est au bord d'une nouvelle escalade militaire. Le gouvernement a demandé l'aide de la coalition saoudienne face aux avancées des séparatistes, qui ont été visés par des frappes. L'ONU craint de graves répercussions.

Le Yémen, déjà ravagé par plus d’une décennie de guerre, est au bord d’une nouvelle escalade. Le gouvernement yéménite, reconnu par la communauté internationale, a sollicité vendredi l’intervention militaire de la coalition saoudienne pour freiner l’avancée des séparatistes et protéger les civils dans la province de l’Hadramaout. L’agence de presse officielle Saba a confirmé cette demande visant à « ramener le calme ».

Le Conseil de transition du Sud (STC), mouvement séparatiste soutenu par les Émirats arabes unis, a récemment conquis de vastes territoires. Son objectif est de rétablir l’ancien État du Yémen du Sud, indépendant de 1967 à 1990. Malgré les avertissements de l’Arabie saoudite, le STC affiche une détermination sans faille. En parallèle, plus de 15 000 combattants yéménites, appuyés par Riyad, se massent à la frontière saoudienne, signe de la tension croissante.

Vendredi, les séparatistes ont rapporté des frappes aériennes saoudiennes sur leurs positions à Wadi Nahb, dans l’Hadramaout. La « chaîne indépendante d’Aden », proche du STC, a diffusé une vidéo montrant un panache de fumée dans le désert. Bien qu’aucune victime n’ait été signalée, le STC a affirmé que ces frappes « n’empêcheront pas les populations du Sud de continuer à avancer ». Paradoxalement, le mouvement, pourtant membre de la coalition gouvernementale, s’est dit « ouvert à tout arrangement » avec Riyad garantissant la sécurité et l’intégrité du Sud.

L’Arabie saoudite, chef de la coalition militaire, n’a pas commenté ces allégations. Jeudi, Riyad avait déjà condamné les prises de territoires « de manière unilatérale », qualifiant ces actions d’« escalade injustifiée » et appelant au « retrait urgent » des forces du STC des provinces de Mahra et de l’Hadramaout. Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a appelé à la « retenue », évitant de prendre parti entre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

Ces nouvelles tensions menacent de déstabiliser davantage le Yémen, déjà théâtre d’un conflit dévastateur depuis 2014 entre les rebelles houthistes, soutenus par l’Iran, et le gouvernement. L’intervention de la coalition saoudienne en 2015 a aggravé la crise, entraînant des centaines de milliers de morts et une catastrophe humanitaire. Un calme relatif avait prévalu depuis une trêve en 2022. L’ONU, par la voix d’Antonio Guterres, a récemment mis en garde contre une « plus grande escalade » et ses « graves répercussions sur la paix et la sécurité régionales », exhortant les parties à apaiser les tensions.