
La possible vente de SFR, détenu par Altice France de Patrick Drahi, suscite de vives inquiétudes quant au devenir des milliers de salariés. Olivier Lelong, délégué syndical central CFDT de l’opérateur, déplore le manque d’attention porté à l’avenir du personnel, soulignant que les discussions se focalisent principalement sur le devenir des clients et le prix des abonnements.
Dans le contexte actuel, les concurrents directs de SFR – Orange, Bouygues Telecom et Free – envisagent une consolidation du secteur, ambitionnant de revenir à trois opérateurs pour stimuler leurs revenus. Cependant, les règles de concurrence interdisent à une seule entité de racheter le deuxième opérateur français. Des discussions sont en cours depuis plusieurs semaines pour un partage des actifs de SFR, incluant ses 25 millions de clients, dans l’espoir de parvenir à un accord pour soumettre une lettre d’intention d’achat à Patrick Drahi.
Le ministre chargé de l’Industrie et de l’Énergie, Marc Ferracci, suit de près les évolutions du marché des télécoms et la situation de SFR. Il insiste sur la nécessité de trouver un équilibre entre compétition, investissements et souveraineté, tout en veillant à la protection des consommateurs et des emplois. Le gouvernement reste vigilant face aux risques de suppressions de postes et de dégradations des conditions de travail, déjà observées lors de précédentes restructurations chez SFR. En effet, l’entreprise a connu une réduction significative de ses effectifs depuis le rachat par Patrick Drahi en 2014, avec des plans de départs volontaires et des délocalisations qui ont divisé par deux et demi la masse salariale en moins de dix ans. Le parquet s’est même récemment opposé à l’inclusion de SFR dans le plan de restructuration de la dette d’Altice France, une décision qui pourrait compromettre la vente et, paradoxalement, préserver les emplois en rendant l’acquisition moins attractive pour de potentiels repreneurs.
Les syndicats exigent des garanties écrites de la part de la direction et des éventuels acquéreurs pour anticiper les répercussions et protéger les droits des collaborateurs. La question du maintien des emplois est cruciale, car tout scénario de rachat ou de démantèlement partiel pourrait entraîner des restructurations importantes. Le tribunal de commerce de Paris doit se prononcer prochainement sur la procédure de sauvegarde accélérée d’Altice France, une décision qui s’avérera déterminante pour l’avenir de SFR et de ses employés.