
Le 10 janvier, le centre des finances publiques de Saint-Denis a été le théâtre d’un drame bouleversant : un jeune inspecteur, âgé de moins de 30 ans et dont les parents sont également agents de la DGFiP, a été retrouvé pendu dans le hall d’accueil de son lieu de travail. Ce suicide a marqué le début d’une série noire alarmante au sein de la Direction générale des finances publiques (DGFiP).
Depuis le 1er janvier, l’administration a recensé douze suicides et huit tentatives de suicide parmi ses agents à travers la France, totalisant vingt tragédies en seulement six mois. La directrice, Amélie Verdier, a reconnu la gravité de la situation, déclarant que ces drames « traumatisent tout notre collectif » et représentent des chiffres « préoccupants » qu’elle ne souhaite « en rien minimiser ». Cette vague de suicides, deux fois plus élevée que la moyenne nationale, touche toutes les tranches d’âge, toutes les régions et toutes les structures de la DGFiP.
Les syndicats dénoncent une dégradation des conditions de travail, des restructurations fréquentes et une surcharge de travail, aggravées par des coupes budgétaires massives. En effet, plus de 30 000 emplois ont été supprimés entre 2008 et 2024 au sein de la DGFiP, un quart des effectifs initiaux, avec 550 suppressions de postes prévues pour cette année et 3 000 d’ici 2027. Des réformes d’ampleur, telles que la généralisation du prélèvement à la source, la suppression de la taxe d’habitation et la numérisation accrue des procédures, sont également mises en cause par les syndicats qui alertent sur un « mal-être » généralisé.
Face à cette crise, la direction de la DGFiP a annoncé l’organisation d’une réunion avec les syndicats, les ressources humaines et des psychiatres. Elle prévoit également une enquête systématique en cas de suicide et la généralisation d’une formation aux premiers secours en santé mentale. Cependant, les syndicats estiment que ces mesures ne sont pas suffisantes. Ils réclament une analyse systématique et sérieuse des liens entre le travail et ces drames, soulignant que l’administration tend à attribuer ces suicides à des fragilités individuelles, éludant ainsi sa responsabilité dans l’organisation du travail.