
Un nouvel ouvrage, « Travailler mieux » (La Vie des idées-PUF), fruit d’une collaboration entre plusieurs chercheurs et Le Monde, explore des solutions concrètes pour améliorer la qualité de l’emploi en France. Dirigé par Christine Erhel et Bruno Palier, cet ouvrage fait suite à « Que sait-on du travail ? » (Presses de Sciences Po, 2023). Les auteurs soulignent la nécessité pour la France de rompre avec un style de management excessivement vertical afin de redonner du sens et du bien-être au travail. Les Français expriment un attachement profond à leur emploi, mais beaucoup le perçoivent comme difficile, voire insoutenable, créant ainsi un paradoxe.
Bruno Palier explique ce phénomène par un « grand écart » entre des attentes élevées et des difficultés accrues par rapport à d’autres pays. Il ne s’agit pas d’une « grande démission » à l’américaine, mais plutôt d’une « grande déception ». Les salariés restent à leur poste mais ne s’y sentent pas écoutés ni reconnus, ce qui engendre un malaise et une perte de sens. Palier insiste sur l’importance de l’écoute au travail, dont la portée politique est souvent sous-estimée. Il établit un lien direct entre le sentiment d’exclusion professionnelle et le vote en faveur de l’extrême droite, affirmant que le mauvais management a un coût social élevé.
La faible qualité du travail semble être une spécificité française, comme en attestent de nombreux indicateurs. Le pays enregistre un nombre élevé d’arrêts pour maladies professionnelles et 750 décès par an liés au travail, soit deux fois la moyenne européenne proportionnellement à la population active. Christine Erhel confirme cette observation, soulignant que l’insatisfaction et les difficultés au travail sont supérieures en France par rapport à des pays comparables comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou les pays nordiques. Ce constat, bien documenté, est corroboré par des enquêtes européennes sur les conditions de travail qui évaluent la pénibilité, les postures, les horaires et la qualité de l’écoute. La recherche met en lumière l’urgence d’adopter de nouvelles approches pour améliorer le quotidien des travailleurs français.







