
Avec la hausse des températures, la question des tenues légères au bureau revient inévitablement, suscitant des avis partagés et parfois des situations délicates. Les expériences individuelles illustrent bien la complexité de ce sujet en entreprise. Luc, un Bordelais, se souvient encore d’un stage d’été où un responsable lui a gentiment fait comprendre qu’un short n’était pas approprié pour un entretien avec un dirigeant. Cette anecdote, bien que datant de quelques années, met en lumière le caractère sensible de l’habillement en milieu professionnel.
Le Code du travail reste silencieux sur cette question, l’habillement n’étant pas considéré comme une liberté fondamentale. En théorie, un employeur peut imposer des restrictions vestimentaires si elles sont «justifiées par la nature de la tâche à accomplir et proportionnées au but recherché». Ces contraintes sont généralement liées à la sécurité ou au contact avec la clientèle. Cependant, la jurisprudence moins restrictive laisse place à une certaine ambiguïté. Agnès, responsable d’une succursale bancaire, en a fait les frais lorsqu’une de ses subordonnées est venue travailler en short, provoquant des plaintes et une absence de cadre légal clair pour agir.
La tolérance vis-à-vis des tenues estivales semble largement dépendre de la culture d’entreprise. Roméo, monteur et réalisateur indépendant, adapte sa tenue en fonction de ses interlocuteurs. Chez Konbini ou Disneyland (partie réseaux sociaux), une tenue «à la cool» est acceptée, car les interactions directes avec les clients ou personnalités sont limitées. En revanche, pour des émissions radio avec des personnalités politiques, une tenue plus formelle est de rigueur. Clément, travaillant dans une plateforme de vente privée, estime qu’un employé efficace en bermuda est préférable à un «glandeur en pantalon», suggérant que la performance devrait primer sur la rigueur vestimentaire pour certains postes.
Cependant, tous ne partagent pas cet avis. Dimitri se souvient de sa surprise en voyant un cadre réputé pour son sérieux arriver en bermuda un week-end. Pour Thibault, les bermudas restent rédhibitoires en open space, estimant que le bureau n’est pas une «beach party». Myriam, directrice d’école supérieure, partage ce point de vue, insistant sur le respect des «codes» vestimentaires. Ces divergences soulignent l’absence de consensus et la difficulté pour les entreprises de définir une politique claire, d’autant plus qu’une remise en question trop directe des tenues peut parfois être perçue comme du harcèlement.