
Le contrôle de l’activité et du temps de travail est un élément fondamental de la relation salariale. En acceptant un emploi, le salarié consent à se placer sous l’autorité de son employeur en échange d’une rémunération, un rapport de subordination encadré par le droit du travail. Cependant, ce pouvoir n’est pas illimité : le Code du travail et le Code civil garantissent la protection des libertés individuelles et le respect de la vie privée du salarié, même au travail. Aucune restriction ne doit être disproportionnée et aucune information ne peut être collectée à l’insu de l’employé.
L’avènement des outils numériques a considérablement amplifié les capacités de contrôle de l’employeur, entraînant des transformations technologiques, sociales et juridiques majeures. L’automatisation de la détection des comportements, la géolocalisation, la surveillance par caméras et webcams, l’usage des smartphones, la biométrie et la reconnaissance faciale créent une société de traçabilité permanente. Avec la généralisation du télétravail, ces outils de surveillance s’immiscent désormais jusque dans les domiciles des salariés, soulevant de nouvelles questions éthiques et légales.
Ce phénomène se traduit par une augmentation des licenciements basés sur le contrôle technologique à l’échelle mondiale. Aux États-Unis, des cas comme celui de la banque Wells Fargo ont fait la une, où des employés ont été licenciés pour avoir utilisé un logiciel de simulation de mouvements de souris afin de contourner les outils de suivi de productivité. De même, la banque brésilienne Itaú a licencié plus de 1 000 collaborateurs en télétravail, jugés insuffisamment productifs par leurs logiciels de contrôle. Ces exemples illustrent un véritable basculement dans la manière dont les entreprises évaluent et gèrent leurs équipes, marquant une ère de surveillance accrue et de pression constante sur les employés, même à distance.