
La rentrée politique et budgétaire est marquée par un vif débat autour de la taxe Zucman, une proposition visant à instaurer une contribution minimale de 2 % sur le patrimoine des foyers fiscaux dont la fortune excède 100 millions d’euros. Ses partisans y voient une mesure d’équité fiscale essentielle pour réduire la dette publique, tandis que ses détracteurs craignent un exil des capitaux et un frein à l’investissement.
L’économiste français Gabriel Zucman justifie cette taxe par deux constats majeurs : la croissance rapide du patrimoine des plus riches, qui a progressé trois fois plus vite que la richesse nationale pour les 500 plus grandes fortunes françaises, et le fait que les milliardaires paient proportionnellement moins d’impôts que la moyenne des Français. Des études de l’Institut des politiques publiques (IPP) montrent que le taux effectif d’imposition décroît pour les 0,1 % les plus riches, les milliardaires ne reversant que 26,2 % de leurs revenus, en raison notamment de l’orientation de leurs revenus vers des holdings non soumises à l’impôt sur le revenu.
La taxe Zucman se distingue de l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) et de l’ancien Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) par son assiette, son taux et son seuil. Contrairement à l’IFI qui cible l’immobilier, ou l’ISF qui incluait davantage de biens, la taxe Zucman s’appliquerait à l’ensemble du patrimoine, y compris les biens professionnels. Son taux serait de 2 %, sans plafonnement, et son seuil de déclenchement est fixé à 100 millions d’euros, ciblant ainsi environ 1 800 foyers fiscaux, contre 186 000 pour l’IFI en 2024.
Le rendement potentiel de la taxe Zucman est sujet à controverse. Les estimations varient de 5 à 25 milliards d’euros par an. Les craintes d’exil fiscal sont réelles, bien que des études du Conseil d’analyse économique (CAE) suggèrent un impact limité, avec une expatriation supplémentaire comprise entre 0,02 et 0,23 % des hauts patrimoines. Pour contrer ce risque, un « bouclier anti-exil » est envisagé, soumettant les potentiels exilés à l’impôt jusqu’à cinq ans après leur départ.
Le débat politique est polarisé. Le bloc central et la droite, ainsi que le gouvernement Lecornu et le Rassemblement national, s’opposent à cette taxe, arguant d’une perte d’attractivité pour la France. En revanche, toutes les forces de gauche soutiennent la mesure, les socialistes ayant même proposé une version « light » du dispositif. La question de la constitutionnalité de la taxe est également soulevée par certains détracteurs, qui la jugent « confiscatoire », tandis que ses défenseurs estiment qu’elle respecte l’égalité devant l’impôt.






