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La Syrie organise ses premières élections législatives post-dictature ce dimanche. Un scrutin indirect élira 140 députés, 70 étant nommés par le président Ahmed al-Charaa, dans un contexte de transition complexe et de défis sécuritaires. Ces élections marquent un pas vers une nouvelle ère politique après la chute de Bachar el-Assad.

Ce dimanche 5 octobre 2025 marque une étape significative pour la Syrie, qui organise ses premières élections législatives après un demi-siècle de dictature. Un peu plus de 6 000 grands électeurs sont appelés à choisir 140 députés, tandis que 70 autres seront directement nommés par le président Ahmed al-Charaa. Ce scrutin intervient près de dix mois après la chute de Bachar el-Assad et l’arrivée au pouvoir de l’ancien jihadiste d’al-Qaida, Ahmed al-Charaa, désormais président de la Syrie.

Le 29 janvier 2025, Ahmed al-Charaa avait dissous l’Assemblée du peuple, un vestige de l’ancien régime, privant ainsi la Syrie de son pouvoir législatif. Le nouveau Parlement, dont le mandat sera de trente mois, aura pour mission de légiférer et d’adopter une nouvelle Constitution.

Le processus électoral, de nature indirecte, s’est déroulé en plusieurs phases. En juin, un Haut Comité électoral de 11 membres a été formé par Ahmed al-Charaa, incluant des figures de Hayyat Tahrir al-Cham (HTC) et de la société civile. Ce comité a ensuite désigné des sous-comités dans les 42 circonscriptions, chargés de superviser la formation du collège électoral.

Mi-septembre, les Syriens âgés de 25 à 65 ans ont eu deux jours pour se porter candidats à ce collège, qui élira les députés. Le collège doit être composé de 70 % de « personnes qualifiées » et de 30 % de « dignitaires », incluant 20 % de femmes et 3 % de personnes en situation de handicap. Sur environ 16 000 candidatures, un peu plus de 6 000 ont été retenues par le Haut Comité électoral.

Les candidats aux législatives doivent impérativement faire partie de ce collège électoral. Bien que les partis ne soient pas formellement autorisés en Syrie, des mouvements politiques émergent, notamment via des plateformes comme WhatsApp, pour coordonner les candidatures. Un spécialiste observe une diversité de profils, notamment à Alep, tandis que dans des villes plus acquises aux nouveaux dirigeants, comme Idlib, ces derniers pourraient conserver la mainmise sur les résultats. Les candidats ont mené une campagne de cinq jours, présentant leurs programmes sur Facebook, un réseau très populaire en Syrie.

La nomination directe de 70 députés par le président Ahmed al-Charaa a suscité des critiques, certains dénonçant une violation de la séparation des pouvoirs. Nawwar Nejmeh, porte-parole du Haut Comité électoral, justifie cette décision par la nécessité de corriger des déséquilibres de représentation. Il souligne également l’impossibilité d’organiser des élections directes en raison du grand nombre de déplacés et de réfugiés, de la présence de partisans de l’ancien régime et du manque de culture politique après cinq décennies de régime autoritaire.

Ces élections se tiennent dans un contexte de forte instabilité. Un candidat alaouite a été assassiné près de Tartous, ravivant les tensions communautaires. Le scrutin a été reporté à Soueïda et dans le Nord-Est syrien, zones contrôlées respectivement par des factions druzes et une administration kurde, soulignant l’incapacité des autorités à y reprendre le contrôle. Malgré ces défis, ce scrutin est perçu par de nombreux Syriens comme une étape cruciale vers une démocratie future, espérant qu’il ouvrira la voie à des élections plus directes et représentatives.