
Le principe fondamental du taylorisme, pilier de la théorie économique des contrats, postule que les agents économiques, intrinsèquement paresseux et égoïstes, nécessitent des incitations pour travailler. Deux leviers principaux sont identifiés : les incitations monétaires et la surveillance. Ces deux approches sont interchangeables. Lorsque la surveillance est complexe, une part accrue des bénéfices doit être allouée aux employés pour stimuler leur motivation. À l’inverse, si la surveillance est efficace et que des sanctions, comme le licenciement, sont possibles, la crainte de ces représailles suffit à encourager le travail, réduisant ainsi le besoin d’incitations financières.
Dans ce contexte, la prolifération des outils de contrôle numériques est perçue comme une « solution providentielle », particulièrement pertinente avec l’essor du télétravail, qui complexifie la surveillance directe par les managers. Cependant, une étude de terrain récente, publiée en août, met en lumière les conséquences négatives de cette quête obsessionnelle de surveillance et de contrôle, tant pour les employés que pour les entreprises.
Une équipe de chercheurs a mené une collaboration approfondie avec une importante chaîne de boulangeries allemande, comptant 145 magasins et générant un chiffre d’affaires dépassant les 100 millions d’euros. Cette entreprise, à l’instar de nombreuses autres, a intensifié l’utilisation de listes de contrôle (check-lists) dans tous ses établissements, les érigeant en instrument de contrôle des employés.
Les entretiens détaillés menés auprès des salariés ont révélé une insatisfaction marquante face au contrôle jugé excessif par la direction, notamment via ces fameuses check-lists. Parallèlement, la direction se plaignait d’une rotation trop élevée du personnel, une observation souvent résumée par l’expression managériale : « Les gens ne veulent plus travailler. » Les chercheurs ont alors formulé l’hypothèse que ces deux problématiques pourraient être intrinsèquement liées, suggérant un coût caché à la surveillance intensive.







