
Les États-Unis ont porté mercredi à 50% leur surtaxe sur les produits indiens importés, un durcissement de la politique commerciale de Donald Trump visant à sanctionner l’Inde pour ses achats de pétrole russe. Cette mesure, annoncée début août, s’inscrit dans la volonté de Washington d’entraver le financement de la guerre en Ukraine par Moscou, malgré un récent rapprochement avec Vladimir Poutine. L’Inde, deuxième client mondial du pétrole russe après la Chine, a vu ses importations passer de 2% avant 2022 à près de 36% en 2024, un choix motivé par la réorientation des flux pétroliers du Golfe vers l’Europe.
La portée de cette nouvelle taxe est cependant nuancée, car certains produits comme les iPhones, de plus en plus fabriqués en Inde, sont exemptés. Toutefois, ces derniers pourraient être impactés par des droits de douane sectoriels allant jusqu’à 100% sur les semi-conducteurs et l’électronique, que l’administration Trump entend imposer progressivement. Les exportateurs indiens, dont les États-Unis sont le premier partenaire commercial (87 milliards de dollars annuels), craignent déjà une chute des commandes, des délocalisations et des pertes d’emplois. La Fédération des organisations indiennes exportatrices (FIEO) a alerté sur les difficultés rencontrées par les secteurs du textile et des produits de la mer, appelant le gouvernement à soutenir les entreprises face à ce qu’elle qualifie de « phase de turbulences ».
New Delhi espère toujours un accord commercial avec Washington, mais les négociations s’annoncent ardues, notamment sur la question de l’accès au marché agricole et laitier indien, un enjeu électoral majeur pour le Premier ministre Narendra Modi. Donald Trump a d’ailleurs reconnu que l’Inde était un « négociateur beaucoup plus coriace » que prévu. Depuis son retour au pouvoir, le président américain a multiplié les surtaxes mondiales, atteignant des niveaux inégalés depuis les années 1910. Pour atténuer l’impact de ces mesures, Narendra Modi a promis d’« alléger le fardeau fiscal du citoyen ordinaire » et de renforcer le marché intérieur.
Les économistes estiment qu’en l’absence d’accord, la croissance indienne pourrait tomber sous la barre des 6%, alors que le Fonds monétaire international (FMI) prévoyait une croissance de 6,4% pour 2025. Face à cette pression américaine, New Delhi cherche également à renforcer ses liens avec Pékin, malgré les tensions passées suite à l’affrontement meurtrier dans l’Himalaya en 2020. Cette situation complexe souligne les défis économiques et diplomatiques auxquels l’Inde est confrontée, naviguant entre les intérêts géopolitiques et commerciaux des grandes puissances mondiales.