
La Suisse est confrontée à une crise économique potentielle suite à l’annonce par les États-Unis de l’application de droits de douane de 39 % sur les importations helvétiques, effectifs dès le 7 août. Cette décision, jugée « absurde » par la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter, menace des dizaines de milliers d’emplois et ébranle la réputation de stabilité du pays. En 2024, les États-Unis représentaient 18,6 % des exportations de marchandises suisses, principalement des médicaments, mais aussi des machines industrielles, des capsules de café, des montres, du fromage et du chocolat.
Le Conseil fédéral, le gouvernement suisse, a tenu une réunion de crise le 4 août pour faire face à cette situation. Il a exprimé sa volonté de poursuivre les négociations avec Washington et de « présenter une offre plus attractive », sans en détailler la nature pour des « raisons tactiques liées aux négociations ». La Suisse cherche à obtenir un report de la date d’entrée en vigueur des taxes et espère un accord plus proche des 15 % négociés par l’Union européenne.
L’impact macroéconomique pourrait être sévère, avec une amputation potentielle du PIB suisse de 0,3 % à 0,6 % si les droits de douane de 39 % entrent en vigueur, et pourrait dépasser 0,7 % si les produits pharmaceutiques, actuellement exemptés, étaient inclus. Certains secteurs, comme l’horlogerie, seraient durement touchés. Cependant, des entreprises comme Lindt & Sprüngli et Sika estiment que l’impact sera limité, car une grande partie de leurs produits vendus aux États-Unis sont fabriqués localement.
La Suisse ne prévoit pas de contre-mesures pour le moment, souhaitant maintenir des relations économiques dynamiques avec les États-Unis. Le déficit commercial bilatéral de 38,5 milliards de dollars en 2024, en hausse de près de 57 % par rapport à 2023, semble avoir influencé le taux de 39 % imposé par l’administration Trump.