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Une attaque meurtrière des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) sur un camp de déplacés au Darfour-Nord a causé la mort de plus de 40 civils, aggravant une crise humanitaire déjà catastrophique et des risques de famine.

Une violente attaque menée par les Forces de soutien rapide (FSR) a frappé le camp de déplacés d’Abou Chouk, au Darfour du Nord, ce lundi 11 août, provoquant la mort de plus de 40 civils et faisant au moins 19 blessés. Les secouristes locaux ont rapporté que les paramilitaires, en conflit armé avec l’armée soudanaise, ont ouvert le feu sur les habitants à l’intérieur de leurs maisons et dans les rues, alors qu’ils progressaient vers El-Fasher, dernière ville du Darfour encore sous le contrôle des forces armées. Le groupe de secours a déploré que les civils aient été « tués soit par des balles perdues, soit par des exécutions directes ». Cette action a été fermement condamnée par le comité local de résistance, un mouvement prodémocratie, qui a dénoncé des « violations horribles commises contre des personnes innocentes et non armées ».

Ces derniers mois, la région d’El-Fasher et ses camps de déplacés, dont Abou Chouk et Zamzam, ont été la cible répétée des FSR. Une offensive majeure en avril contre le camp de Zamzam avait déjà contraint des dizaines de milliers de personnes à fuir, beaucoup cherchant refuge à l’intérieur d’El-Fasher. Le Soudan est désormais divisé de fait, les FSR contrôlant la quasi-totalité du Darfour et certaines zones du sud, tandis que l’armée détient le nord, l’est et le centre du pays.

Le conflit, qui a éclaté en avril 2023, a eu un coût humain dévastateur, faisant des dizaines de milliers de morts et entraînant le déplacement ou la fuite de millions d’habitants, ce que l’ONU qualifie de « pire crise humanitaire au monde ». En 2024, la famine a été officiellement déclarée dans plusieurs camps autour d’El-Fasher, incluant Abou Chouk et Zamzam. À El-Fasher même, bien qu’aucun chiffre officiel ne soit disponible, l’ONU avait anticipé l’arrivée de la famine avant mai. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), près de 40 % des enfants de moins de 5 ans à El-Fasher souffrent de malnutrition aiguë, dont 11 % sous une forme sévère. Au niveau national, près de 25 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë. Malgré l’urgence, les efforts diplomatiques pour mettre fin au conflit n’ont pas encore abouti.