Budapest-Hungary-Parliament
L'idée d'un sommet Trump-Poutine à Budapest ravive de douloureux souvenirs pour l'Ukraine, rappelant le Mémorandum de 1994 violé par l'annexion de la Crimée. Cette rencontre exposerait aussi les fragilités et divisions de l'Union européenne face à la Russie.

L’éventualité d’une rencontre entre les présidents russe et américain à Budapest fait resurgir de douloureux souvenirs pour l’Ukraine, tout en exposant les fragilités de l’Union européenne. La politique, par son essence symbolique, semble particulièrement impitoyable envers les dirigeants de Kiev actuellement. Entre la cravate aux couleurs russes arborée par le chef du Pentagone lors d’une visite de Volodymyr Zelensky à Washington, et l’idée d’un sommet américano-russe dans la capitale hongroise, les gestes sont éloquents.

Budapest évoque en effet un passé sombre pour les Ukrainiens. C’est dans cette ville que, le 5 décembre 1994, l’Ukraine, le Kazakhstan et la Biélorussie ont accepté, sous la contrainte, de se défaire de leurs armes nucléaires héritées de l’URSS. En contrepartie, les États-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, rejoints plus tard par la Chine et la France, s’engageaient à garantir leur indépendance et leur souveraineté via le Mémorandum de Budapest. Vingt ans plus tard, ces accords furent bafoués lorsque la Russie a annexé la Crimée en 2014, sans provoquer de réaction significative des pays garants.

L’annonce d’un tel sommet à Budapest serait perçue par l’Ukraine comme une trahison répétée, d’autant que le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, est un fervent partisan de Moscou au sein de l’UE et a déjà remis en question la souveraineté ukrainienne. La Hongrie, qui a d’ailleurs entamé son retrait de la Cour pénale internationale (CPI) dont Vladimir Poutine fait l’objet d’un mandat d’arrêt, serait un hôte controversé. Ce sommet mettrait en lumière non seulement les faiblesses de l’UE en matière de coordination et de ressources face au conflit, mais aussi les divisions internes qui l’empêchent d’adopter une position unie et forte face à la Russie.