
Anne Vourc’h, sociologue et ancienne directrice du Réseau des Grands Sites de France, met en lumière les défis liés à la saturation automobile sur les sites paysagers. Selon elle, la première action essentielle pour préserver un site naturel consiste à éloigner les parkings. L’omniprésence de la voiture a des répercussions similaires en milieu naturel et en ville, suscitant parfois des réactions d’inquiétude ou d’hostilité de la part des élus locaux.
Dans les années 1990, un projet de recul de 800 mètres du parking à la Pointe du Raz (Finistère) a initialement provoqué une forte opposition. Des élus craignaient des conséquences désastreuses pour l’économie locale. La mise en place de navettes a apaisé les tensions, mais ce service est rapidement devenu superflu. En effet, parcourir 800 mètres à pied sur un sentier offrant des vues imprenables s’est avéré être un plaisir plutôt qu’une contrainte pour les visiteurs. Ce réaménagement, largement médiatisé, a servi d’exemple inspirant pour les gestionnaires des Grands Sites. Cela leur a permis de développer une approche avant-gardiste en matière de tourisme durable, qu’ils pratiquent déjà sous le nom de « slow tourisme ».
La surfréquentation touristique dans les sites naturels est un phénomène croissant, accentué par l’augmentation du tourisme domestique. Les parkings saturés et le stationnement sauvage sont des problèmes récurrents, entraînant des dégradations environnementales et des nuisances. Cependant, des solutions existent pour améliorer l’accès et la gestion des flux de visiteurs. L’aménagement de parkings éloignés, l’incitation aux mobilités douces (marche, vélo) et la mise à disposition de navettes sont des stratégies efficaces pour préserver ces espaces d’exception. Ces initiatives, bien que parfois controversées localement, contribuent à la protection du patrimoine et à une meilleure expérience pour les visiteurs.