
Après deux décennies derrière les barreaux, Serge Atlaoui, 61 ans, voit enfin le bout du tunnel. Le tribunal d’application des peines de Melun a accordé ce mardi 15 juillet sa libération conditionnelle. L’artisan soudeur avait été condamné à mort en Indonésie pour trafic de drogue avant d’être transféré en France en février, une information confirmée par son avocat et le parquet de Meaux.
Son avocat historique, Richard Sédillot, a exprimé son immense soulagement : « Ça a été un très long combat, il était hors de question que je baisse les bras à quelque moment que ce soit. C’est pour moi un très grand moment aujourd’hui et cela va l’être pour lui dès qu’il va sortir ». Serge Atlaoui devrait retrouver la liberté « dans les prochains jours », avec une mesure effective dès le 18 juillet 2025, assortie d’un suivi par un juge d’application des peines.
Détenu depuis 2005, Serge Atlaoui est actuellement incarcéré à Meaux-Chauconin. Le tribunal a jugé « qu’il n’y avait pas de risque de réitération », a précisé Maître Sédillot. Bien que libérable le 12 novembre 2035, il était éligible à la libération conditionnelle en France depuis le 26 mars 2011, comme l’a souligné le procureur de Meaux, Jean-Baptiste Bladier, dont le parquet avait d’ailleurs requis cette libération.
Arrêté en 2005 près de Djakarta dans une usine où des drogues avaient été découvertes, Serge Atlaoui a toujours clamé son innocence, affirmant n’avoir fait qu’installer des machines industrielles. Initialement condamné à la prison à vie, sa peine avait été aggravée en appel en 2007 par la Cour suprême indonésienne, le condamnant à la peine capitale. Une intense pression diplomatique de la France lui avait permis d’obtenir un sursis en 2015, avant son transfert en France en février.
Son retour en France a posé un défi juridique inédit : adapter une peine capitale abolie depuis 1981 en droit français. La justice française, non compétente sur le fond de l’affaire, avait pour seule tâche de statuer sur la peine. Après que le parquet de Pontoise eut requis la perpétuité, le tribunal a finalement prononcé une peine de trente ans de réclusion criminelle, correspondant à la peine maximale encourue en France pour fabrication et production de stupéfiants en bande organisée.
Richard Sédillot a tenu à rendre hommage à Robert Badinter : « Aujourd’hui, j’ai une pensée toute particulière pour Robert Badinter, car c’est lui qui avait dirigé le dossier de M. Atlaoui vers mon cabinet. S’il avait été encore vivant, il aurait été très heureux de ce dénouement ».