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Sébastien Lecornu, le nouveau Premier ministre, est confronté à un immense défi : élaborer un budget 2026 dans une France politiquement fragmentée. Il doit jongler entre les attentes de la gauche et de la droite pour éviter la censure et restaurer la confiance.

Sébastien Lecornu, le nouveau Premier ministre français, se trouve face à un défi colossal : élaborer un budget 2026 qui puisse échapper à la censure, dans un paysage politique profondément fragmenté. Sans majorité claire à l’Assemblée nationale, et sous la menace constante d’une motion de censure émanant du Rassemblement national et de La France insoumise (LFI), sa mission s’annonce périlleuse. Il doit concéder des compromis à la gauche sans pour autant aliéner la droite, tout en étant contraint par un calendrier constitutionnel strict. En effet, le projet de loi de finances doit être déposé au plus tard le 13 octobre sur le bureau de l’Assemblée nationale.

Depuis sa nomination le 9 septembre, l’ancien ministre des Armées a posé quelques jalons symboliques. Il a notamment abandonné la suppression de deux jours fériés, envisagée par son prédécesseur, et mis fin aux avantages à vie des anciens Premiers ministres. Ces annonces visent à apaiser les tensions, mais le cœur du problème reste l’élaboration du budget 2026. Il cherche d’abord à rétablir la confiance avec les partenaires sociaux et les députés socialistes, qui jouent un rôle pivot à l’Assemblée.

Les négociations s’annoncent d’autant plus complexes que les Socialistes ont des exigences fortes, notamment la fin des coupes budgétaires drastiques et une contribution plus équitable des plus fortunés. Ils proposent une taxe de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, dite « taxe Zucman », qui pourrait rapporter entre 5 et 20 milliards d’euros annuellement. Cette mesure bénéficie d’un large soutien populaire, mais risque d’aliéner la droite. Le Premier ministre doit donc trouver un équilibre délicat pour éviter une nouvelle crise politique et le risque d’élections législatives anticipées.

La situation est critique, d’autant plus que la France est sous pression pour réduire son déficit budgétaire, qui avoisine le double du plafond de 3% fixé par l’Union européenne. La dette publique représente 114% du PIB. La crédibilité fiscale de la France est également mise à l’épreuve, avec une dégradation de sa note de crédit par Fitch. Face à cette instabilité et à un parlement divisé, le succès de Sébastien Lecornu dépendra de sa capacité à forger des compromis.