
La santé mentale des jeunes est devenue une préoccupation majeure, érigée en grande cause nationale pour 2025. Cette situation est exacerbée par la crise sanitaire du Covid-19, le contexte géopolitique et environnemental anxiogène, qui ont fortement impacté la génération actuelle. Les alertes des professionnels de santé et les enquêtes de santé publique se multiplient, dressant un tableau préoccupant de l’état psychique de cette population.
Une étude récente, publiée le 3 septembre par l’Institut Montaigne, la Mutualité Française et l’Institut Terram, met en lumière le ressenti des jeunes eux-mêmes. Cette enquête, menée auprès de 5 633 jeunes de 15 à 29 ans via un questionnaire en ligne d’avril 2025, révèle une souffrance mentale généralisée. Les participants ont répondu à 23 questions portant sur leurs habitudes quotidiennes, leur ressenti face aux études ou au travail, leur capacité à se projeter dans l’avenir, complétées par le questionnaire standardisé PHQ-9 pour évaluer les épisodes dépressifs.
Bien que près des deux tiers des jeunes (64 %) jugent leur santé mentale « assez bonne » ou « très bonne », les symptômes qu’ils évoquent nuancent fortement cette perception. Plus de 8 jeunes sur 10 ont ressenti une fatigue persistante ou un manque d’énergie récemment. Près des trois quarts ont souffert de troubles du sommeil, et plus de 6 sur 10 ont éprouvé un sentiment de tristesse ou de déprime. Plus alarmant encore, 31 % des répondants ont déclaré avoir pensé qu’il vaudrait mieux mourir ou envisagé de se faire du mal. L’étude indique un « pic » de dépression autour de 22-25 ans.
Un jeune Français sur quatre, soit 25 %, serait atteint de dépression. Les jeunes femmes sont particulièrement touchées, avec 27 % souffrant de dépression, contre 22 % des jeunes hommes. Des disparités territoriales significatives sont également observées, notamment dans les Outre-mer où la proportion de jeunes dépressifs atteint 39 %, avec des pics à 52 % en Guyane et 44 % en Martinique. La précarité accentue ce mal-être : 47 % des jeunes en situation de grande précarité souffrent de dépression, contre 16 % pour ceux sans difficultés économiques.
L’impact du Covid-19 sur la santé mentale des jeunes est notable, exacerbant des vulnérabilités préexistantes et menant à une hausse des troubles anxio-dépressifs. L’isolement social forcé et la solitude ont été des facteurs aggravants durant la pandémie. Les réseaux sociaux jouent un rôle ambivalent, offrant un espace d’expression mais favorisant aussi l’isolement et l’exposition aux violences en ligne. La reconnaissance de la santé mentale comme grande cause nationale en 2025 souligne l’urgence d’une prise en charge globale et adaptée pour cette génération confrontée à de multiples défis.