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En Russie, des femmes, surnommées "veuves noires", épousent des soldats partant pour l'Ukraine dans le seul but de toucher des indemnités de décès. Ce phénomène cynique pousse les autorités à envisager des sanctions plus sévères.

En Russie, un phénomène inquiétant prend de l’ampleur : des femmes, surnommées les « veuves noires », épousent des soldats partant pour le front en Ukraine dans l’unique but de toucher de généreuses indemnités de décès. Cette pratique cynique, bien que difficile à quantifier, est désormais prise très au sérieux par les autorités russes, qui envisagent des sanctions plus sévères.

Le Wall Street Journal a documenté plusieurs cas judiciaires à travers le pays où ces escroqueries ont été prouvées et les mariages annulés. Les scénarios sont souvent similaires : des cérémonies expédiées, peu ou pas d’invités, et une vie commune quasi inexistante. L’objectif est clair : profiter des sommes colossales offertes par l’État. Par exemple, une « veuve » aurait perçu près de 170 000 euros après le décès de son époux, récemment marié, sur le front. RFI mentionne des primes de décès atteignant jusqu’à 55 000 euros, et des assurances de près de 40 000 euros, des sommes bien supérieures au salaire mensuel moyen en Russie, qui avoisine les 1000 euros.

Ces montants attractifs ont même attiré l’attention de la criminalité organisée. Maria Voropaeva, une élue de la région de Moscou, a dénoncé l’émergence d’une véritable « industrie ». Le média Lenta.ru, qui situe l’origine du phénomène en 2024, a rapporté le cas d’une femme déjà mariée et veuve à trois reprises. Ces décès sont souvent suivis d’intenses querelles familiales, de proches opportunistes cherchant à récupérer une part des indemnités.

Sur les réseaux sociaux, des groupes dédiés à la recherche de soldats sans héritiers, destinés aux premières lignes, prolifèrent. Une agente immobilière, Marina Orlova, a même été condamnée pour avoir présenté ce « business plan » dans un podcast, expliquant qu’il était facile d’obtenir huit millions de roubles et d’acheter un appartement grâce à cette pratique. La presse et la télévision d’État russes ne cachent pas le problème, comme en témoigne un article ironiquement intitulé « J’irai aux Maldives pleurer ta mort » du Komsomlskaïaa Pravda.

Actuellement, les quelques poursuites judiciaires aboutissent à des amendes mineures. Cependant, les parlementaires russes cherchent à durcir la loi, avec des propositions allant jusqu’à dix ans de prison et la possibilité de refuser le versement des indemnités pour les mariages contractés après le début du conflit. Ces mesures visent à mettre un terme à ce que le député Leonid Sloutski a qualifié de « déshonneur de la chose la plus sacrée : prendre soin des familles des héros tombés au combat ».