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La Russie lève toutes les restrictions sur le déploiement de ses missiles à portée intermédiaire, une décision qui pourrait changer l'équilibre militaire en Europe et intensifier la course aux armements.

La Russie a annoncé, par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov, la levée de « toute restriction » concernant le déploiement de ses armes à portée intermédiaire. Cette décision fait suite à la fin de son moratoire sur le sujet, et marque une nouvelle étape dans les tensions géopolitiques avec les États-Unis et l’OTAN. Peskov a toutefois précisé qu’il ne fallait pas s’attendre à des annonces publiques en cas de déploiement, soulignant la nature « sensible et confidentielle » de ce domaine.

Ces armements, définis comme des missiles terrestres pouvant transporter des charges nucléaires ou conventionnelles, ont une portée allant de 500 à 5 500 kilomètres, les rendant capables d’atteindre l’ensemble du territoire européen. Cette portée les place entre les missiles à moyenne portée et les missiles balistiques intercontinentaux.

La veille de cette annonce, le ministère des Affaires étrangères russe avait déjà notifié la levée de son moratoire, accusant les États-Unis de préparer des déploiements d’armes menaçant directement la sécurité russe. En effet, les États-Unis s’étaient retirés en 2019 du Traité sur les Forces Nucléaires à Portée Intermédiaire (FNI), signé en 1987 par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev. Ce traité historique visait à limiter la production et le déploiement de ces armements. L’OTAN et le Pentagone avaient alors accusé Moscou de posséder le missile Novator 9M729 (SSC-8), capable de frapper des villes européennes, bien que la Russie ait contesté cette portée.

Moscou avait auparavant affirmé qu’elle maintiendrait son moratoire si les Américains ne déployaient pas de tels engins à une distance pouvant atteindre le territoire russe. Cependant, la Russie a récemment accusé Washington d’avoir initié la « production en série » de ces missiles et de planifier leur déploiement en Europe et en Asie. Des systèmes capables de transporter ces missiles auraient déjà été transférés au Danemark en 2023, aux Philippines en avril 2024, et en Australie en 2025, selon le ministère russe des Affaires étrangères. Dmitri Medvedev, l’ancien président russe, a qualifié cette décision de « résultat de la politique antirusse menée par les pays de l’OTAN », prévenant qu’il s’agissait d’une « nouvelle réalité » et que « d’autres mesures sont à prévoir ».