
Une ONG ukrainienne a dénoncé l’existence d’un site du ministère de l’Éducation de la République populaire de Louhansk, présentant près de 300 enfants ukrainiens en vue de leur adoption par des familles russes. Mykola Kuleba, fondateur de l’ONG Save Ukraine, qui œuvre au rapatriement des enfants ukrainiens enlevés par la Russie, affirme que 294 enfants âgés de 0 à 17 ans sont proposés sur cette plateforme. Ces enfants sont décrits comme orphelins ou «privés de soins parentaux», avec des détails précis tels que leur âge, la couleur de leurs yeux, leur état de santé et même leur «niveau d’obéissance».
Mykola Kuleba dénonce cette pratique, la qualifiant de «trafic d’enfants sponsorisé par l’État». Selon lui, certains de ces enfants pourraient avoir perdu leurs parents durant l’invasion russe ou leur avoir été enlevés. De plus, il avance que la Russie a mis à jour une loi permettant de modifier les noms de famille et les dates de naissance de ces enfants, les privant ainsi de leur identité. Le fondateur de Save Ukraine insiste sur le fait qu’il s’agit non seulement d’une pratique illégale, mais aussi d’un crime de guerre.
Bien que le site en question n’ait pas été directement accessible depuis la France, des messages sur une boucle Telegram attribuée au ministère de l’Éducation et des Sciences de la République populaire de Louhansk semblent corroborer ces accusations. Un message y mentionne la création d’une «base de données régionale des enfants ayant besoin d’une famille» et exprime l’espoir que des familles y trouveront un enfant pour lui «offrir un avenir radieux !»
Cette stratégie s’inscrirait dans un objectif plus large du Kremlin de soumettre ces enfants à une propagande anti-ukrainienne et anti-occidentale. Selon des bilans établis par Kiev, plus de 19 500 enfants auraient été enlevés par la Russie depuis le début du conflit, mais seulement 1 480 auraient pu être rapatriés. L’enlèvement massif d’enfants ukrainiens a conduit la Cour pénale internationale à inculper Vladimir Poutine et Maria Lvova-Belova, sa commissaire «aux droits des enfants», pour crimes de guerre.