
Robert Badinter, figure emblématique de la justice et de l’État de droit, a fait son entrée au Panthéon ce jeudi 9 octobre 2025. Cette cérémonie, qui honore des personnalités ayant marqué la mémoire nationale, intervient à un moment où les valeurs qu’il incarnait sont plus que jamais d’actualité. Le cercueil de l’avocat pénaliste, ancien ministre de la Justice et président du Conseil constitutionnel, décédé en 2024, a été placé aux côtés de révolutionnaires de 1789, tels que Condorcet, l’abbé Grégoire et Gaspard Monge.
Le choix du président de la République de rendre hommage à l’homme qui a mené à l’abolition de la peine de mort en France en 1981, un engagement fort de François Mitterrand, envoie un message puissant. C’était l’une de ses premières actions en tant que ministre de la Justice. Ce moment symbolique coïncide avec une période de turbulences politiques en France, révélant un décalage entre les idéaux républicains et la réalité actuelle du pays. De nombreux responsables politiques, malgré des prises de position parfois contraires à ses convictions sur l’État de droit ou la condition carcérale, ont salué la mémoire de cet homme qui a défendu la dignité humaine et les libertés publiques.
Fils d’immigrés ayant fui les pogroms russes, Robert Badinter a été profondément marqué par son histoire personnelle, notamment l’assassinat de son père au camp nazi de Sobibor. Son expérience en tant qu’avocat, ayant assisté à l’exécution de l’un de ses clients en 1972, a forgé sa haine de l’injustice et son attachement indéfectible à l’humanisme universel républicain. Il a plaidé sans relâche contre la peine capitale, réussissant à sauver six hommes de l’exécution durant sa carrière d’avocat.
Au-delà de l’abolition de la peine de mort, Robert Badinter a œuvré pour la modernisation et l’humanisation de la justice française. Son héritage inclut la dépénalisation de l’homosexualité en 1982, la suppression de la Cour de sûreté de l’État, ainsi que des avancées significatives pour l’aide et l’indemnisation des victimes. Il a également soutenu l’amélioration des conditions carcérales et les droits des détenus. À l’occasion de son entrée au Panthéon, une exposition lui est consacrée, mettant en lumière la genèse de son engagement et ses combats en faveur de la justice.