
Le Rassemblement national (RN), fort de ses succès électoraux et sondages favorables, se trouve sous une pression accrue pour démontrer sa cohérence et son sérieux à l’approche du pouvoir. L’examen du projet de loi de finances à l’Assemblée nationale met en lumière les faiblesses de son « contre-budget », suscitant des critiques virulentes de tous bords politiques. Le parti est tour à tour accusé par la gauche de complicité avec l’« oligarchie », tandis que la droite et le « socle commun » pointent du doigt son penchant pour de nouveaux impôts. Même le Prix Nobel d’économie Philippe Aghion a qualifié les dirigeants du parti de « grands amateurs » incapables de gérer la France.
Malgré une part de mauvaise foi dans ces critiques, les propositions budgétaires du RN révèlent de profondes incohérences. Le parti tente de concilier des baisses d’impôts avec des mesures sanctionnant les « excès du capitalisme financier », tout en promettant une accélération de la « politique de l’offre » chère à la majorité actuelle. Cette ambiguïté vise à satisfaire un électorat large, allant des retraités au patronat, sans pour autant froisser les classes populaires. Marine Le Pen et Jordan Bardella semblent vouloir contenter à la fois les tendances « populistes » et « libérales » au sein du parti.
Le « contre-budget » du RN prévoit des réductions massives des dépenses publiques pour financer ses promesses, notamment une baisse de la TVA sur l’énergie et un retour à un âge de départ à la retraite de 60 ou 62 ans, mais la faisabilité de ces économies est remise en question. Des économistes jugent irréalistes les 36 milliards d’euros d’économies annoncées par le RN, dont près de 12 milliards proviendraient de la lutte contre l’immigration. De plus, le coup de rabot envisagé sur les associations pourrait impacter les populations précaires, y compris les immigrés. Les experts, comme l’Institut Montaigne, estiment que le programme économique du RN entraînerait un déficit public accru et mettrait en péril la crédibilité budgétaire de la France.
Ce mélange budgétaire aux accents populistes met en évidence les tiraillements de la politique économique du Rassemblement national. Les opposants appellent à une analyse rigoureuse et sans concession du programme du parti, dénonçant son irresponsabilité et sa démagogie budgétaires, au-delà de ses fondamentaux xénophobes.






