
Près de quarante ans après son arrivée à l’Assemblée nationale, le Rassemblement national (RN) a franchi une étape historique en obtenant l’adoption d’une de ses propositions. Le parti est parvenu à faire voter la dénonciation des accords franco-algériens de 1968, marquant une victoire inédite pour la formation politique. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la niche parlementaire annuelle dont dispose chaque groupe à l’Assemblée.
Ce mercredi, le groupe parlementaire du RN, fort de ses 123 députés, a présenté plusieurs propositions axées sur l’immigration et les relations avec l’Algérie. La plus notable, visant à dénoncer les accords de 1968, a été adoptée de justesse, avec 185 voix pour et 184 contre. Cet accord, devenu un sujet de tension entre la France et l’Algérie, constitue désormais un point central du débat politique.
Depuis l’entrée des premiers députés du Front national en 1986, le parti, désormais renommé Rassemblement national, n’avait jamais réussi à faire adopter un texte. Cette situation était en grande partie due au caractère clivant de leurs propositions et à l’instauration d’un « cordon sanitaire » par les autres formations politiques. Marine Le Pen, cheffe de file des députés RN, a toujours affirmé voter les textes allant dans l’intérêt des Français, quelle que soit leur origine partisane.
Traditionnellement, la gauche, des socialistes aux Insoumis, refuse par principe de voter les textes émanant du Rassemblement national. Cette ligne directrice a été maintenue même lorsque certaines propositions du RN rejoignaient leurs propres objectifs, comme l’abrogation de la réforme des retraites en septembre 2024. Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite, apporte des nuances à cette victoire, soulignant le caractère non contraignant de la proposition. Selon lui, une proposition ayant des conséquences directes aurait probablement suscité une mobilisation différente et un résultat potentiellement distinct.






