
Guillaume Tabard souligne un « aggiornamento économique inachevé » au Rassemblement National. Les critiques actuelles visant le RN sur son approche économique révèlent un changement notable dans la perception du parti. Longtemps qualifié d’étatiste, voire de « socialiste » ou même de « communiste » par certains détracteurs comme Gérald Darmanin, le programme économique du RN agace particulièrement Marine Le Pen quand il est classé à gauche.
La double finaliste de la présidentielle préfère mettre en avant les mesures de baisse d’impôts défendues par ses députés, notamment pour les PME, ou leur opposition à certaines taxes. Néanmoins, le parti a également contribué à des propositions fiscales originales, à l’image de l’impôt sur la fortune « improductive ». Cette focalisation des critiques sur l’économie valide, par contraste, le discours régalien du RN, notamment sur l’immigration, un sujet sur lequel le parti est moins stigmatisé par ses opposants.
Cette nouvelle vigilance autour des propositions du RN est également le signe de sa **crédibilité électorale grandissante**. Jordan Bardella, actuel président du parti, semble d’ailleurs orienter le Rassemblement National vers des positions plus libérales sur le plan économique, influencé par des personnalités comme la Première ministre italienne Giorgia Meloni. Cette évolution marque une différence avec Marine Le Pen, qui ciblait davantage les classes populaires, tandis que Bardella vise les classes moyennes supérieures et les retraités, adoptant des politiques plus favorables aux entreprises.
Cependant, des voix au sein même du parti, comme celles de Marine Le Pen et d’autres figures, continuent de défendre des positions plus traditionnellement sociales-étatistes. Cet « aggiornamento » est donc perçu comme un processus encore en cours. La question demeure de savoir si l’impulsion libérale donnée par Jordan Bardella parviendra à se généraliser et à transformer durablement l’orientation économique du parti.






