
Dans le Land de Rhénanie-Palatinat, à l’ouest de l’Allemagne, une décision ministérielle a été rendue publique le jeudi 10 juillet, interdisant aux membres du parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) de travailler dans la fonction publique. Cette mesure vise à « lutter systématiquement contre les ennemis de la Constitution dans la fonction publique », selon le ministère de l’Intérieur de l’État fédéré.
Désormais, les candidats à la fonction publique devront signer une déclaration de loyauté envers la Constitution. Ils devront certifier n’avoir jamais été membres d’une « organisation extrémiste » au cours des cinq dernières années. Le ministre de l’Intérieur, Michael Ebling (SPD), a confirmé que cette liste inclurait l’AfD. Le refus de signer ou des doutes sur la loyauté constitutionnelle entraînera un rejet de la candidature. Pour les fonctionnaires déjà en poste, l’appartenance à un tel groupe pourrait constituer une faute disciplinaire et entraîner une révocation.
Cette décision a provoqué une vive réaction. Sebastian Münzenmaier, député AfD de Rhénanie-Palatinat, a dénoncé une interdiction professionnelle et a promis une riposte politique. Le parti de l’AfD est officiellement classé d’extrême droite. La CDU a également critiqué cette mesure, la qualifiant de « mise en scène politique » et de « calcul partisan ».
L’AfD, créée en 2013, s’est initialement concentrée sur la sortie de l’Allemagne de la zone euro avant de faire de la lutte contre l’immigration son cheval de bataille à partir de 2015. En 2017, le parti est entré pour la première fois au Bundestag avec près de 13 % des voix. L’AfD est aujourd’hui coprésidée par Alice Weidel. En mai 2025, l’Office fédéral de protection de la Constitution (BfV) a classé l’AfD comme « extrémiste de droite avéré », ce qui confère aux autorités des moyens de surveillance accrus.
Le parti a été impliqué dans plusieurs controverses, notamment en janvier 2024, lorsque le média d’investigation Correctiv a révélé l’organisation d’une réunion secrète sur un projet de « remigration », visant l’expulsion massive de migrants et de « citoyens non-assimilés » d’Allemagne. De plus, Björn Höcke, une figure radicale de l’AfD, a été condamné à plusieurs reprises pour avoir utilisé le slogan nazi « Alles für Deutschland ! » (« Tout pour l’Allemagne ! »), désormais interdit en Allemagne. Le parti a également été épinglé pour des références ambiguës au nazisme dans sa communication.
Malgré ces controverses, l’AfD a réalisé une percée historique aux élections fédérales de février 2025, obtenant près de 21 % des voix et un quart des sièges au Bundestag, se plaçant derrière la CDU mais devant le SPD. Des personnalités comme Elon Musk ont même apporté leur soutien à l’AfD, affirmant que « seule l’AfD peut sauver l’Allemagne ».