
La suspension de la réforme des retraites annoncée par le gouvernement Lecornu est loin d’être acquise, confrontant un chemin parlementaire semé d’embûches. Le Premier ministre s’est engagé à faire adopter cette mesure via un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qui sera examiné à l’Assemblée nationale cet automne. Pour que la suspension soit effective, l’intégralité du PLFSS doit être votée, ce qui s’avère complexe compte tenu des nombreuses mesures critiquées par le Parti socialiste.
Les socialistes espèrent pouvoir modifier le texte à leur avantage, mais l’équilibre des forces à l’Assemblée rend cet objectif difficile. De plus, le passage au Sénat, majoritairement à droite, pourrait voir les sénateurs supprimer purement et simplement l’amendement. Une éventuelle commission mixte paritaire (CMP) ne garantirait pas non plus une majorité pour la gauche, alimentant les doutes sur la concrétisation de cette suspension. Certains, à l’image de La France insoumise, estiment même que le PS s’est fait « rouler dans la farine ».
Concernant l’âge légal de départ, la suspension pourrait temporairement maintenir le cap à 62 ans et 9 mois jusqu’en 2027. La génération 1964 serait la plus avantagée, pouvant partir à 62 ans et 9 mois dès octobre 2026, au lieu de 63 ans initialement. Pour les générations suivantes, la situation reste hypothétique, dépendante des décisions post-élection présidentielle de 2027.
Parallèlement, une conférence sociale sur les retraites et le travail a été annoncée par le Premier ministre, mais ses modalités et la participation des partenaires sociaux restent incertaines. Cette conférence pourrait aborder des sujets variés comme la retraite par points, la capitalisation, la pénibilité, et l’attractivité des métiers. Sébastien Lecornu a évoqué la possibilité de confier la gestion du système de retraites aux partenaires sociaux, citant l’exemple de l’Agirc-Arrco.
Enfin, le budget de l’État pour 2026 prévoit des réductions de postes de fonctionnaires et une baisse significative du budget de la culture, tandis que la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, a reconnu une augmentation des franchises médicales. Ces éléments soulignent la complexité des discussions budgétaires et la pression continue sur le gouvernement.