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Le Premier ministre a annoncé des mesures pour les retraites des femmes, mais leur portée est jugée insuffisante face à des inégalités persistantes et un taux de pauvreté croissant.

Lors de son discours de politique générale le 14 octobre, le Premier ministre Sébastien Lecornu a une nouvelle fois inscrit l’amélioration des retraites des femmes au rang des urgences nationales. Cette préoccupation, récurrente depuis la réforme Touraine de 2014, peine toutefois à se traduire par des mesures concrètes et significatives. La situation actuelle demeure préoccupante : la pension moyenne des femmes représente seulement 62 % de celle des hommes. Le taux de pauvreté des retraités est en hausse constante depuis 2017, touchant particulièrement les femmes, avec un pic à 25 % pour les femmes divorcées. Le gel des pensions récemment annoncé risque d’aggraver cette précarité.

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 propose un ajustement du calcul de la pension du régime général pour les mères. Au lieu des vingt-cinq meilleures années de salaire, la base de calcul passera à vingt-quatre années pour les mères d’un enfant et à vingt-trois années pour celles ayant deux enfants ou plus. Cependant, cette mesure, bien que ciblée sur les mères, pourrait accentuer les inégalités en pérennisant des rôles genrés dans la prise en charge des enfants, ce qui va à l’encontre des aspirations à l’égalité. Des doutes planent également sur sa conformité avec les directives européennes en matière d’égalité de traitement entre les sexes.

La réduction du nombre d’années prises en compte pour le calcul des meilleurs salaires devrait entraîner une légère augmentation des pensions. Le gouvernement estime que 50 % des femmes pourraient en bénéficier dès 2026. Néanmoins, le gain anticipé reste probablement marginal. Cette mesure corrige de manière très insuffisante la pénalisation qui frappe les carrières courtes. Actuellement, les pensions sont calculées au prorata de la durée de carrière, avec une décote additionnelle pour les parcours incomplets. Cette double pénalisation, soulignée dans le rapport Delevoye de 2019, n’est pas corrigée par les dispositions prévues. Une véritable avancée nécessiterait la suppression de cette décote.