
Le projet de loi de finances pour 2026, porté par le gouvernement de Sébastien Lecornu, pourrait engendrer une hausse significative de l’impôt sur le revenu pour de nombreux retraités français. Deux mesures phares sont particulièrement ciblées et suscitent l’inquiétude : le remplacement de l’abattement de 10 % sur les pensions par un forfait annuel et la suppression de l’avantage fiscal pour les plus de 65 ans.
Actuellement, les retraités bénéficient d’une déduction de 10 % sur le montant de leurs pensions, plafonnée à 4 399 euros pour l’ensemble du foyer fiscal en 2025, avec un plancher de 450 euros par personne. Le nouveau projet de loi propose d’instaurer une déduction forfaitaire de 2 000 euros par personne, soit 4 000 euros pour un couple. Cela représente une perte de 399 euros pour un couple de retraités par rapport au dispositif actuel. L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) estime que 5,2 millions de ménages verraient leur impôt sur le revenu augmenter si cette mesure était adoptée en l’état.
Parallèlement à cette réforme, le projet de loi prévoit également la suppression de l’abattement spécifique dont bénéficient les contribuables de plus de 65 ans et les invalides. Jusqu’à présent, ces derniers pouvaient déduire de leur revenu global imposable une somme allant jusqu’à 2 796 euros pour les revenus n’excédant pas 17 510 euros, et 1 398 euros pour les revenus compris entre 17 510 euros et 28 170 euros. Cet abattement est doublé pour les couples. La suppression de cet avantage concernerait les seniors de plus de 65 ans, mais serait maintenue pour les contribuables invalides.
Selon Élise Moras, directrice des études de l’ingénierie patrimoniale Meeschaert Gestion Privée, cette suppression pourrait entraîner une perte maximale de 308 € pour les personnes ayant des revenus inférieurs à 17 510 € (hors les revenus inférieurs à 11 520 €) et de 154 € pour celles dont les revenus se situent entre 17 510 € et 28 170 €. Le gouvernement justifie cette décision en arguant que cet abattement « affecte la progressivité du barème de l’impôt sur le revenu tout en étant mal ciblé », les retraités les plus modestes étant déjà non imposables.