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La suspension de la réforme des retraites par Sébastien Lecornu divise les Républicains. Entre la ligne officielle et la pression militante, le vote de censure met en lumière les tensions internes à droite. Certains élus LR, comme Pierre Cordier, sont prêts à voter la censure, malgré la position de Laurent Wauquiez.

La décision de Sébastien Lecornu de suspendre la réforme des retraites jusqu’à l’élection présidentielle de 2027 a créé un véritable malaise au sein des Républicains. Cette annonce, faite lors de sa déclaration de politique générale, vise à apaiser les tensions, mais elle semble au contraire diviser la droite. Alors que le vote de censure approche à l’Assemblée nationale, les élus LR se retrouvent face à un dilemme : soutenir la ligne de leur parti ou écouter la base militante, profondément déçue par ce recul.

Le Premier ministre a proposé de suspendre la réforme des retraites jusqu’à l’élection présidentielle de 2027. Concrètement, l’âge légal de départ ne sera pas relevé au-delà de 62 ans et neuf mois, et la durée de cotisation restera à 170 trimestres jusqu’en 2028. Sébastien Lecornu a précisé que cette suspension, qui coûtera 400 millions d’euros en 2026 et 1,8 milliard en 2027, devra être compensée financièrement. Il a également renoncé à l’utilisation de l’article 49.3 pour le budget, s’engageant à ce que le débat parlementaire aille jusqu’au vote.

Laurent Wauquiez, président du groupe des députés LR, a clairement indiqué sa désapprobation du budget du gouvernement et de la suspension de la réforme des retraites, mais il s’est positionné contre la censure du gouvernement. Cependant, cette position est loin de faire l’unanimité. Bruno Retailleau, président des Républicains, a fustigé la suspension de la réforme des retraites, accusant le gouvernement d’être « l’otage des socialistes » et de n’avoir respecté « aucune des exigences que la droite avait formulées ». Il a également affirmé que la droite ne devait pas fuir ses responsabilités face à la situation actuelle.

Des voix dissonantes se font entendre, comme celle de Pierre Cordier, député des Ardennes, qui a exprimé son intention de voter la motion de censure transpartisane. Cette fracture expose la difficulté pour les Républicains de maintenir une cohésion face à un gouvernement dont les orientations sont jugées trop à gauche par une partie de leur électorat. Le risque est grand de se couper d’une base militante heurtée par ce qu’elle perçoit comme un renoncement. Le vote de jeudi sera un moment clé pour la droite, qui devra choisir entre la discipline de parti et la fidélité à ses convictions.