
Dans le tumulte politique actuel, la ministre démissionnaire de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, a fait une sortie remarquée, prônant une « suspension » de la réforme des retraites. Cette prise de position, révélée dans une interview au Parisien, intervient alors que le premier ministre démissionnaire, Sébastien Lecornu, consulte les forces politiques pour bâtir une « plateforme d’action et de stabilité ».
Élisabeth Borne, qui avait pourtant défendu et fait adopter cette réforme controversée en 2023 via le 49-3, justifie ce changement de cap par la nécessité pour son camp de « savoir écouter et bouger » face au caractère « épidermique » du sujet dans le pays. Une démarche qui s’apparente à une main tendue aux socialistes, dont l’une des exigences pour ne pas voter la censure est précisément une pause sur cette réforme impopulaire.
L’entourage de Sébastien Lecornu a d’ailleurs confirmé que Bercy avait été sollicité pour évaluer le coût du budget alternatif du Parti socialiste, incluant une telle suspension. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a salué « un réveil tardif, mais positif », espérant porter ces débats à l’Assemblée. Raphaël Glucksmann, fondateur de Place publique, s’est également montré optimiste, voyant dans cette hypothèse un « chemin » possible.
Cependant, cette proposition ne fait pas l’unanimité. Certains députés macronistes, attachés à cette réforme emblématique du second quinquennat d’Emmanuel Macron, ont exprimé leur désaccord. Sylvain Maillard (Renaissance) a fustigé l’idée, craignant un gouvernement mené par Olivier Faure ou Boris Vallaud, tandis que Maud Bregeon a réaffirmé son attachement à la « stabilité institutionnelle et économique du pays ». Côté syndicats, si Marylise Léon (CFDT) a salué un « signal positif », Sophie Binet (CGT) a raillé une « volte-face », y voyant « un aveu : la réforme des retraites est un échec ».