
Le débat sur la retraite à points refait surface en France, soutenu notamment par la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon. Elle le qualifie de système « profondément juste », particulièrement dans le contexte actuel où une suspension de la réforme de 2023 est évoquée. Le projet initial d’instaurer ce système universel, qui visait à remplacer les 42 régimes de retraite existants, avait été lancé en 2019 avant d’être mis en pause puis abandonné en raison de la crise sanitaire.
Ce mécanisme, souvent perçu comme plus équitable, est plébiscité pour sa capacité à offrir une équité de traitement aux « poly-pensionnés », c’est-à-dire ceux qui alternent entre secteurs public et privé. Toutefois, d’autres critiques soulignent son caractère « incertain », car la valeur finale de la pension dépendrait de la valeur de service du point, qui convertit les points acquis en euros.
Au cœur de ce système, les points sont cruciaux. En 2019, le rapport Delevoye proposait un système universel où un point de retraite serait accordé pour chaque 10 euros cotisés, avec une rentabilité de 5,5 %. Ainsi, 10 euros cotisés auraient généré 0,55 euro de retraite. Le nombre de points accumulés dans un compte retraite individuel, et non plus la durée de cotisation ou le salaire de référence, déterminerait le montant de la pension. Ce calcul serait plus avantageux pour les carrières hachées ou avec des périodes de travail courtes.
Cependant, l’une des préoccupations majeures concerne la valorisation des points sur le long terme. Le rapport Delevoye avait prévu une « règle d’or » garantissant que la valeur du point ne puisse jamais baisser, afin de préserver les futurs retraités d’une éventuelle insécurité financière. De plus, au lieu d’être indexées sur l’inflation, les pensions seraient revalorisées selon le revenu moyen par personne, une méthode jugée « plus favorable » et permettant de bénéficier des progrès collectifs.
Concernant l’âge de départ, Marylise Léon estime qu’un système à points n’aurait pas besoin d’âge légal, offrant aux individus la liberté de choisir leur départ en fonction du montant de pension souhaité. Cependant, d’autres avis divergent, insistant sur la nécessité d’un âge minimum pour ne pas déséquilibrer les finances publiques. Le rapport Delevoye prévoyait un âge « d’équilibre » à 62 ans, avec des bonus ou malus en cas de départ plus tôt ou plus tard. La mise en place de ce système reste complexe techniquement et financièrement, notamment face au vieillissement de la population.