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La rentrée scolaire en Île-de-France s'annonce sans manuels papier ni numériques classiques pour des milliers de lycéens, au profit d'une plateforme fragmentée. Cette réforme, décidée sans débat, suscite l'inquiétude des enseignants et parents, qui y voient une « école sans boussole » et une menace pour la transmission des savoirs et l'égalité des chances.

La rentrée scolaire en Île-de-France est marquée cette année par une transformation majeure : des dizaines de milliers de lycéens feront leur rentrée sans les traditionnels manuels scolaires. La région a fait le choix de remplacer les supports papier et numériques des éditeurs par une plateforme unique, la plateforme Pearltrees, qui agrège des contenus fragmentés. Ce changement, qui n’a fait l’objet d’aucun débat public, suscite de vives inquiétudes au sein de la communauté éducative .

Cette nouvelle approche remplace le manuel structuré par une mosaïque de fragments, dépourvue de hiérarchie et de fil conducteur. Les critiques dénoncent une « école sans boussole, réduite à du scroll », où l’apprentissage se transforme en un « puzzle éclaté » et où l’élève est livré à lui-même . Pour les opposants à cette réforme, il ne s’agit pas d’un simple ajustement technique, mais d’un véritable choix de société qui impacte la transmission des savoirs, le lien entre l’école et les familles, et la liberté pédagogique des enseignants .

L’argument principal des détracteurs repose sur l’idée qu’un empilement de ressources numériques ne peut remplacer un ouvrage conçu dans sa globalité par des professionnels. Le manuel scolaire, qu’il soit papier ou numérique homothétique, est considéré comme un outil essentiel pour la construction progressive des savoirs, la lisibilité du parcours et la création de liens entre les notions, agissant comme une « colonne vertébrale de l’école » . Par ailleurs, la question de l’égalité d’accès est soulevée, le manuel étant souvent le premier livre introduit dans certains foyers et un support permettant aux familles de suivre et d’accompagner la scolarité de leurs enfants .

Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, défend cette initiative, arguant que les manuels traditionnels « n’étaient pas souvent ouverts par les élèves » et que de nombreux enseignants utilisent déjà des « manuels libres » . Elle souligne également que la plateforme Pearltrees offre une flexibilité permettant aux enseignants de modifier les contenus et de les adapter à leur pédagogie . Cependant, les opposants craignent une « tiktokisation de l’enseignement » et s’inquiètent des conséquences sur la concentration des élèves et la fracture numérique . Certains établissements ayant expérimenté le tout numérique sont même revenus au papier, citant des problèmes de déconcentration et de fatigabilité des élèves liés à l’usage intensif des écrans .