
La réindustrialisation de la France, souvent présentée comme une priorité nationale, peine à se concrétiser au-delà des annonces. Malgré des initiatives comme le sommet Choose France, qui vise à encourager les investissements nationaux, un écart persistant demeure entre les discours politiques volontaristes et la réalité économique du pays.
Le récent sommet Choose France, calqué sur son homologue international, a mis en avant 30,4 milliards d’euros d’investissements prévus par les entreprises françaises pour 2025. Cependant, ce chiffre est à nuancer, étant donné que les deux tiers de ces projets étaient déjà connus, soulevant des questions sur la nouveauté et l’impact réel de ces annonces. L’événement a surtout servi de plateforme pour l’exécutif afin de renouer le dialogue avec un patronat préoccupé par l’instabilité politique et ses répercussions économiques.
Alors que la croissance du PIB au troisième trimestre reste positive (+0,5 %), de nombreux indicateurs signalent un virage au rouge pour l’industrie. Les fermetures d’usines excèdent les ouvertures, comme l’illustre la liquidation de plusieurs sites de NovAsco (ex-Ascometal) et la suppression de centaines d’emplois, survenue le même jour que Choose France. Cette coïncidence malheureuse met en lumière les défis structurels auxquels est confronté le secteur.
Le débat budgétaire actuel, marqué par des hausses d’impôts sur les entreprises, accentue les inquiétudes. Malgré les regrets du président Emmanuel Macron concernant le démantèlement de sa politique de l’offre, cette pression fiscale est en partie la conséquence d’une inconséquence budgétaire passée. Un effort partagé pour le rétablissement des comptes publics est indispensable, mais l’équilibre fiscal doit être trouvé pour ne pas fragiliser davantage un tissu industriel déjà vulnérable face à la concurrence internationale et à une conjoncture européenne peu favorable. La France attend également une programmation pluriannuelle de l’énergie claire, essentielle pour la décarbonation de la production et la compétitivité industrielle.
La réindustrialisation exige de la persévérance, une clarté dans les orientations politiques et une stabilité fiscale et réglementaire. L’objectif de souveraineté et de prospérité que partagent de nombreux partis politiques doit être aligné avec les décisions prises à l’Assemblée, un défi majeur à relever pour l’avenir de l’industrie française.






