
Face au déclin inquiétant du commerce en centre-ville, aggravé par la concurrence féroce des plateformes en ligne comme Temu et Shein, un rapport clé a été remis au gouvernement français. Ce document, fruit du travail de Frédérique Macarez (Villes de France), Antoine Saintoyant (Banque des territoires) et Dominique Schelcher (Coopérative U), propose 30 recommandations pour revitaliser le commerce de proximité, essentiel à la vie de nos villes.
Le constat est alarmant : le tissu commercial est en difficulté, marqué par des défaillances d’entreprises croissantes et des locaux vacants. Entre 2023 et 2024, le taux de vacance commerciale dans les centres-villes a augmenté, passant de 9,73 % à 10,64 %. Les niveaux de loyers sont souvent décorrélés des réalités économiques actuelles des commerces, ce qui contribue à la fermeture de nombreuses enseignes.
Le rapport souligne une mutation profonde du commerce. Alors que les ventes en ligne ont explosé, passant de 65 à 175 milliards d’euros en dix ans, les ménages consomment moins de biens physiques et privilégient les petits prix. Le secteur du prêt-à-porter est particulièrement touché, ayant perdu près de 50 000 emplois en une décennie. En revanche, la restauration et l’alimentaire tirent leur épingle du jeu, avec une forte création d’emplois.
Pour contrer cette tendance, les auteurs appellent à s’attaquer à la « distorsion de concurrence » que représentent les plateformes en ligne. Parmi les mesures phares, le rapport préconise d’élargir les pouvoirs des maires, notamment en instaurant un avis obligatoire sur les implantations et cessions de commerces dans les territoires prioritaires. Il est également question de plafonner certains loyers et d’alourdir la fiscalité sur les locaux vacants pour inciter à leur réoccupation.
Une autre piste majeure consiste à renforcer les contrôles sur les importations de biens pour le respect des normes, ciblant les petits colis du e-commerce international qui échappent majoritairement aux vérifications. Le rapport suggère aussi la création d’un « bail commercial d’utilité sociale » pour les zones en difficulté et la poursuite du développement des foncières de redynamisation.
En somme, le rapport propose une stratégie nationale de « reconquête commerciale », qui passe par une action rapide et collective aux niveaux européen, national et local. L’objectif est de transformer une mutation subie en une transformation pilotée, en donnant plus de marges de manœuvre aux acteurs locaux pour un projet global intégrant habitat, travail et consommation.






