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La pression migratoire et démographique actuelle force à repenser le redécoupage électoral en France. Alain Marleix et Thomas Ehrhard alertent sur l'obsolescence des méthodes de calcul pour une juste représentation nationale.

La question du **redécoupage des circonscriptions législatives** en France refait surface avec une acuité particulière, sous l’impulsion de la pression migratoire et démographique actuelle. Des experts alertent sur l’obsolescence du critère de la population totale pour garantir une **représentation nationale** juste et équitable. Cette problématique, déjà soulevée en 2015 par une proposition de loi de droite restée sans suite, est désormais perçue comme une urgence pour la démocratie française.

Une étude récente, initiée par l’ancien secrétaire d’État Alain Marleix et l’universitaire Thomas Ehrhard, met en lumière les **biais** de la méthode de calcul actuelle. Alain Marleix, qui a déjà œuvré sur les redécoupages de 1988 et 2010, est une figure clé de ce débat. Thomas Ehrhard, spécialiste du découpage électoral sous la Ve République, apporte également son expertise à cette réflexion. Leur analyse conjointe souligne la nécessité de repenser la carte électorale pour s’adapter aux évolutions de la population. En effet, l’immigration représente une part croissante de la **croissance démographique** française, avec plus de 10% d’immigrés en 2022.

La carte électorale actuelle, fruit de multiples ajustements depuis la Révolution, a été redéfinie pour la dernière fois en 2010. À cette époque, la nécessité d’intégrer les 11 sièges des Français de l’étranger avait conduit à des modifications importantes, tout en maintenant le nombre total de députés à 577. Le Conseil constitutionnel avait alors préconisé une base principalement démographique, conformément à l’article 21 de la Constitution de 1793. Cependant, des écarts significatifs existent toujours entre les circonscriptions, remettant en question le principe d’égalité devant le suffrage. Par exemple, la 2e circonscription du Cantal compte 62 753 habitants, tandis que la 5e de Loire-Atlantique en a 167 177, pour une moyenne métropolitaine de 121 000 habitants.

Ces inégalités, bien que conformes à la Constitution, interrogent la **représentativité des élus**. La répartition actuelle favorise certains partis et catégories socio-professionnelles, les cadres et professions intellectuelles supérieures représentant 70% des élus, contre 22% de la population active. Sans un nouveau découpage, ces disparités pourraient s’accentuer, fragilisant la légitimité de la représentation nationale.