En pleine tourmente financière, la France de 1926 se débattait avec une dette abyssale et une monnaie en chute libre. Après l’échec retentissant du Cartel des gauches, le pays cherchait désespérément un leader capable de restaurer la confiance et la stabilité économique. C’est dans ce contexte de crise que le nom de Raymond Poincaré, ancien président de la République, a resurgi comme l’ultime recours.
Dans la nuit du 21 au 22 juillet 1926, Raymond Poincaré, alors sénateur de la Meuse, fut sollicité par le président Gaston Doumergue. À 64 ans, Poincaré était perçu comme la seule figure capable de sortir la France de ce bourbier financier et monétaire. Son expérience et son sens de l’État inspiraient un profond respect. En 1914, en tant que président de la République, il avait su fédérer l’ensemble des partis sous la bannière de l’Union sacrée face à l’envahisseur allemand. Il avait également eu l’audace d’appeler son rival, Georges Clemenceau, à la rescousse en 1917, prouvant ainsi sa capacité à mettre l’intérêt national au-dessus de tout.
Son retour aux affaires en 1926 n’était pas un hasard. Les gazettes et l’opinion publique attendaient impatiemment sa nomination à chaque crise ministérielle, voyant en lui la personnalité providentielle capable de ramener le calme et la stabilité par sa simple présence. La situation économique du pays était critique, marquée par une dépréciation constante du franc et une accumulation vertigineuse de dettes. Poincaré était désormais face à un défi immense : redresser les finances publiques et restaurer la valeur de la monnaie française.
Sa mission était claire : mettre fin à l’instabilité gouvernementale, assainir le budget et rétablir la confiance des marchés. Le souvenir de Philippe le Bel, le « roi de fer » qui avait tenté de résoudre les problèmes monétaires de son temps, planait peut-être sur cette période. Mais Poincaré, avec son expérience politique et sa détermination, s’apprêtait à prendre des mesures drastiques pour sauver l’économie française de l’effondrement et assurer un avenir plus stable à la nation.
