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La France a rapatrié trois femmes et dix enfants des camps de prisonniers djihadistes en Syrie. Les adultes font face à la justice, tandis que les mineurs sont pris en charge. Cette opération, la première depuis juillet 2023, relance le débat sur le sort des ressortissants français encore détenus.

La France a procédé au rapatriement de trois femmes âgées de 18 à 34 ans et de dix enfants qui étaient détenus dans les camps de prisonniers djihadistes du nord-est de la Syrie. Cette opération s’est déroulée mardi 16 septembre en début de matinée. Le Parquet national antiterroriste (PNAT) a confirmé ces retours, soulignant leur nature sensible en France, dix ans après les attentats terroristes qui ont marqué le pays.

Parmi les femmes rapatriées, deux ont été placées en garde à vue, agissant sur commission rogatoire d’un juge d’instruction. La troisième femme, visée par un mandat d’arrêt, sera présentée à un juge d’instruction en vue d’une potentielle mise en examen. Concernant les mineurs, le PNAT a précisé qu’ils sont pris en charge dans le cadre de procédures d’assistance éducative sous la responsabilité du parquet près le tribunal judiciaire de Versailles. Le suivi centralisé de ces enfants sera assuré par le PNAT, en coordination avec les parquets territoriaux.

Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a exprimé sa gratitude envers les autorités syriennes de transition et l’administration locale du Nord-Est syrien, dont la coopération a rendu cette opération possible. C’est la première fois depuis juillet 2023 que la France organise un rapatriement de ce type. La France avait précédemment cessé ces opérations à l’été 2023, invoquant un manque de volontaires parmi les détenues et malgré les condamnations internationales, notamment celles de la Cour européenne des droits de l’homme en 2022.

L’avocate des femmes rapatriées, Marie Dosé, a exprimé le « soulagement » des familles, mais a également déploré que 110 autres enfants français restent détenus dans le camp de Roj, l’un des camps contrôlés par les forces kurdes. Ces camps, comme celui d’Al-Hol, retiennent des dizaines de milliers de personnes de diverses nationalités, suspectées de liens avec l’organisation djihadiste État islamique. Le Collectif des familles unies continue de dénoncer les conditions de détention « indignes » de ces enfants, considérés comme « coupables de rien ».

En février 2025, l’administration kurde, en coordination avec l’ONU, a annoncé son intention de vider les camps du nord-est de la Syrie d’ici la fin de l’année, incluant les proches présumés de djihadistes. Des experts et des associations, comme Avocats sans frontières France, continuent d’appeler à une action plus large, soulignant que ce rapatriement démontre la capacité de la France à organiser de telles opérations, mais que la situation des femmes et jeunes majeurs toujours détenus demeure préoccupante.