French-political-map
Au-delà des clivages traditionnels, une nouvelle analyse de l'électorat français révèle quatre familles politiques distinctes, basées sur les opinions économiques et l'ouverture à l'immigration, face au déclin du macronisme.

Le débat sur l’espace politique français est souvent dominé par l’idée d’une tripartition, ou d’un retour au clivage gauche-droite face au déclin du macronisme. Cependant, cette vision simplifiée pourrait ne pas refléter la complexité des réalités électorales. En se penchant sur les perceptions des électeurs plutôt que sur les appareils politiques, une analyse plus nuancée émerge, révélant une fragmentation plus profonde.

Pour mieux comprendre ces dynamiques, deux indicateurs synthétiques ont été développés. Le premier mesure le positionnement sur l’axe gauche-droite en fonction des opinions concernant la liberté économique et l’interventionnisme de l’État. Le second évalue le degré d’ouverture à l’égard de l’immigration, un sujet qui continue de diviser fortement le paysage politique français. Ces critères permettent de dépasser les étiquettes traditionnelles et d’identifier des groupes d’électeurs partageant des valeurs et des préoccupations communes, au-delà des affiliations partisanes historiques.

En croisant ces deux axes, il est possible de distinguer quatre sous-populations distinctes, qui constituent autant de familles politiques. Cette approche offre une grille de lecture plus fine des positionnements et des motivations des électeurs français, mettant en lumière des alliances et des ruptures qui ne sont pas toujours évidentes dans les discours politiques classiques. Alors que la popularité d’Emmanuel Macron se maintient à un niveau bas, les Français expriment un pessimisme inédit face à la situation politique et sociale du pays, marqué par une défiance généralisée envers les institutions et les partis. Ce malaise profond souligne l’urgence d’une meilleure compréhension des attentes et des identités politiques des citoyens.

La gauche, par exemple, a historiquement eu un rapport complexe à l’immigration, un sujet souvent jugé « toxique ». Les électeurs de gauche, bien qu’affirmés, font face à des fractures profondes et à un manque d’offre politique rassembleuse. Inversement, la droite et le centre-droit proposent notamment la création de centres de rétention aux frontières extérieures de l’UE, s’alignant sur le Pacte sur la migration et l’asile adopté en avril 2024. Ces différences fondamentales sur des sujets clés contribuent à sculpter ces nouvelles familles politiques, chacune avec ses propres sensibilités et ses priorités.