
La Provence, terre souvent associée à l’aridité, a pourtant développé au fil des siècles un système ingénieux pour maîtriser l’eau. Un héritage ancestral qui lui permet de faire face à la sécheresse, là où d’autres régions peinent. Marcel Pagnol, dont l’œuvre est profondément liée à cette région, écrivait d’ailleurs que « L’eau en Provence, c’est toute une histoire ».
Depuis l’Antiquité romaine, marquée par ses majestueux aqueducs, les habitants de cette terre ont déployé des efforts considérables pour acheminer l’eau des montagnes vers les plaines et collines de la Basse-Provence. Cette quête de l’eau a radicalement transformé le paysage. La région a été remodelée par la main de l’homme, avec le détournement de cours d’eau, la création de lacs là où se trouvaient jadis des vallées, l’édification de gigantesques barrages et le creusement de canaux qui dessinent aujourd’hui un maillage vital à travers le territoire.
Des projets comme le canal de Craponne, dès le 16e siècle, ont montré cette volonté de maîtriser la ressource, bien avant le Canal de Provence, mis en service au milieu du 20e siècle. Ce dernier, dont la construction a débuté dans les années 1960, est un réseau complexe de 216 km, dont 146 km souterrains, irriguant 70 000 hectares de terres agricoles et alimentant plus de 2 millions d’habitants et 8 000 sites industriels dans les Bouches-du-Rhône et le Var. Il a permis d’éviter les effets dévastateurs de la sécheresse et a joué un rôle clé dans le développement économique de la région.
Aujourd’hui, face aux enjeux du changement climatique, la gestion de l’eau en Provence demeure un défi majeur. La région Provence-Alpes-Côte d’Azur est particulièrement vulnérable aux sécheresses, avec une ressource en eau qui pourrait diminuer de 15% d’ici à 2050 dans le bassin de la Durance, qui alimente trois millions de personnes. Des initiatives telles que le Plan d’Aménagement et de Gestion Durable (PAGD) et le plan régional « Or bleu » visent à assurer une utilisation équilibrée et durable de l’eau, promouvant la sobriété et l’efficacité des réseaux de distribution.