
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a récemment détaillé sa feuille de route pour la protection des jeunes contre la violence et la criminalité. Dans une lettre adressée à la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ), il souligne l’importance de « sauver [les jeunes] de la délinquance », dont ils sont souvent les premières victimes. Cette initiative intervient dans un contexte de préoccupations croissantes concernant l’exploitation des enfants par les réseaux criminels, comme le rapporte l’Unicef dans une étude récente, mettant en lumière le fait que 92% des enfants victimes sont des mineurs non accompagnés.
Le ministre pointe également les « graves défaillances » du dispositif de suivi des mineurs en France, où 400 000 enfants sont actuellement suivis par l’aide sociale à l’enfance (ASE). Il déplore les décisions de justice tardives, le manque de places en foyers d’accueil et la vulnérabilité des jeunes face à la prostitution ou à la vie dans la rue. Le narcotrafic représente aussi une menace majeure, avec près de 10 000 mineurs impliqués dans des affaires de stupéfiants, certains n’ayant que 10 ans.
Face à ces défis, Gérald Darmanin propose des mesures concrètes. D’ici 2027, 18 nouvelles structures de la PJJ seront ouvertes, offrant 131 places supplémentaires, car « la place de ces enfants n’est pas en prison ». Soixante-dix agents devraient également rejoindre les effectifs l’année prochaine. En collaboration avec l’Éducation nationale, des mesures seront prises pour garantir la présence constante d’enseignants dans les structures d’accueil et assurer un nombre d’heures de cours équivalent à celui de la scolarité classique. Le ministre souhaite également privilégier l’accueil familial aux placements collectifs.
Parmi les autres initiatives, la création d’une « ordonnance de sûreté de l’enfant » est envisagée pour réduire les délais d’intervention en cas de violences intrafamiliales. Une proposition soutenue par la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants. De plus, un « statut de l’enfant victime » est à l’étude afin d’éviter la « revictimisation » des mineurs. Ces actions seront menées conjointement avec le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, qui présentera un projet de loi visant à réformer la protection des mineurs confiés à l’ASE, notamment en permettant aux assistants familiaux de cumuler leur activité.