
Alors que de nombreux gouvernements affichent leur volonté de tourner la page des énergies fossiles, un autre calendrier, plus discret mais tout aussi déterminant, se met en place : celui des projets pétroliers, gaziers et charbonniers déjà engagés, mais pas encore exploités. Ces projets dits « planifiés » constituent une zone grise du futur énergétique mondial.
Que leur exploitation soit simplement annoncée par l’État hôte ou validée par la « décision finale d’investissement » d’un opérateur, ces projets n’extraient pas encore de combustibles fossiles mais leur mise en œuvre est déjà en marche. Leur impact potentiel sur le climat est considérable et soulève de sérieuses questions quant à la capacité mondiale à respecter les objectifs climatiques.
D’après des données inédites rendues publiques par la coalition d’ONG CarbonBombs.org (Eclaircies, Data for Good, Leave It in the Ground et Reclaim Finance), ces projets fossiles à venir sont susceptibles de rejeter 522 milliards de tonnes de dioxyde de carbone (GtCO2) dans l’atmosphère, si l’ensemble de leurs réserves venaient à être extraites et consommées par des activités humaines.
Ce chiffre représente environ trois fois et demie le budget carbone restant à l’humanité pour limiter le réchauffement global de la planète à 1,5 °C – un objectif déjà largement compromis au rythme actuel des émissions de gaz à effet de serre. L’enjeu est donc de taille et nécessite une réévaluation urgente des stratégies énergétiques mondiales pour éviter des conséquences irréversibles.






