
La 16e chambre correctionnelle de Paris est le théâtre de vives tensions lors du procès de Lafarge, le cimentier français accusé de financement du terrorisme en Syrie. L’audience, initialement prévue pour le 4 novembre, a été reportée au 18 novembre suite à une bévue procédurale dans la rédaction de l’ordonnance de renvoi. Malgré la rectification de cette erreur, les débats sont loin de reprendre sereinement.
Maître Solange Doumic, avocate de Christian Herrault, ancien numéro deux de Lafarge, a ravivé la tension en contestant la recevabilité de plusieurs parties civiles. Parmi celles-ci figurent d’anciens employés de l’usine syrienne au cœur du dossier, dont les attestations sont remises en question par la défense. Le procès porte sur des accusations de financement du terrorisme par Lafarge en Syrie entre 2013 et 2014, pour un montant estimé à 13 millions d’euros, afin de maintenir son usine de Jalabiya en activité malgré le conflit.
L’entreprise aurait versé des fonds à des groupes armés, notamment l’État Islamique et le Front al-Nosra, en échange de permis et pour l’achat de matières premières. Le groupe Lafarge a plaidé coupable de financement du terrorisme aux États-Unis, acceptant de payer une amende de 777,8 millions de dollars. En France, l’instruction a confirmé des charges de financement du terrorisme et de mise en danger de la vie d’autrui, bien que cette dernière charge ait été annulée en cassation pour les employés syriens.
Ce procès est considéré comme historique, marquant la première fois qu’une entreprise est jugée en France pour complicité de crimes contre l’humanité. L’affaire met en lumière les « sombres compromis » que Lafarge aurait passés avec des groupes djihadistes pour ses activités en Syrie. Les enjeux sont considérables, tant pour la justice française que pour la reconnaissance de la responsabilité des multinationales dans les zones de conflit.






