
Après le naufrage de quatre gouvernements français en seulement deux ans, la France ne brille pas par sa stabilité politique, un désarroi savouré comme un spectacle au-delà des Alpes. «Charles de Gaulle disait avec un air de supériorité ‘ah les Italiens’», rappelle avec ironie Mario Ajello, éditorialiste d’Il Messaggero, soulignant un retournement de situation. Le journaliste s’interroge sur la grandeur française, critiquant une société qu’il juge «arriérée et corporatiste», loin de son ancienne avant-garde. La conclusion est sans appel : «Crions ‘vive l’Italie’, car ici le système républicain tient debout, et on pourrait rajouter en imitant de Gaulle : ‘Ah les Français.’»
Cette tendance au french bashing est de plus en plus visible et transpartisane dans la presse italienne, comme le révèle le Courrier International. Federico Rampini, du Corriere, fustige «l’arrogance de Macron», qu’il voit comme une continuité du «syndrome national» français de donner des leçons. Même les échecs français en Afrique sont ciblés par Linkiesta, un média progressiste, qui raille «l’arrogance néocoloniale française», tenue pour responsable de l’expulsion des troupes françaises et d’une réaction de rejet sur le continent.
Comment expliquer cette vague de critiques ? Le correspondant d’Il Sole 24 Ore à Bruxelles y voit une ancienne rivalité : «Depuis toujours, les deux pays sont en compétition pour démontrer sur la scène mondiale qu’ils sont celui où l’on mange le mieux, où l’on vit le mieux, où l’on s’habille le mieux». Il Foglio, un quotidien libéral milanais, va plus loin en évoquant un sentiment qui ne vise pas forcément les ennemis, mais plutôt «ces amis dont nous sommes secrètement envieux». Face à cette instabilité politique, le coq français a du mal à parader, offrant un spectacle aux yeux de ses voisins italiens.