
La France, comme de nombreux pays du Nord, est confrontée à une pollution plastique de plus en plus insidieuse, bien que moins visible. Grâce à un système de collecte et de traitement des déchets ménagers parmi les plus efficaces au monde, nos rues et plages restent propres, et les décharges à ciel ouvert sont rares. Depuis les années 1990, le principe du pollueur-payeur contraint les producteurs à financer des filières de responsabilité élargie (REP) pour le recyclage des déchets via le tri citoyen.
Cependant, cette invisibilité de la pollution plastique a laissé place à une nouvelle menace : les microplastiques. Des études récentes ont révélé leur omniprésence dans l’air, l’eau et les aliments que nous consommons. Ces particules, invisibles à l’œil nu (moins de 10 micromètres), proviennent des textiles, tapis, rideaux ou plastiques chauffés, et sont désormais bien présentes dans nos organismes, soulevant de sérieuses inquiétudes sanitaires et environnementales.
Face à cette problématique mondiale, un sommet des Nations unies à Genève visait à établir un traité mondial juridiquement contraignant pour éradiquer la pollution plastique, couvrant tout son cycle de vie. Malheureusement, cette ambition a échoué, heurtant un front commun des industries de la pétrochimie, des utilisateurs de contenants plastiques et des géants du textile synthétique et de la fast-fashion.
En France, ce blocage international se traduit par un dévoiement des missions des éco-organismes. Bien que financés et dirigés par des représentants d’entreprises manufacturières sous le principe louable de pollueur-payeur, ces acteurs sont contraints par les lois du marché d’assurer leur profitabilité, ce qui complique la réduction de leur consommation de matières premières et de la production de leurs produits.