
Contrairement à la pollution atmosphérique extérieure, celle présente à l’intérieur de nos habitations est rarement mesurée, bien que nous y passions en moyenne quatorze heures par jour. Les logements sont des espaces où se concentrent des polluants chimiques issus des matériaux de construction, des meubles, des produits d’entretien, des fumées de cuisson ou de cigarette, et même des substances provenant de l’extérieur. Ces particules et gaz en suspension peuvent représenter une menace significative pour la santé, provoquant des symptômes immédiats tels que maux de tête et irritations, mais aussi des problèmes plus graves à long terme comme des maladies respiratoires, cardiovasculaires, et des cancers.
Pour pallier ce manque de données, l’Observatoire de la qualité des environnements intérieurs (OQEI), anciennement Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI), a mené deux vastes campagnes de prélèvements dans les logements français, espacées de quinze ans. Le récent bilan de la deuxième campagne, menée entre novembre 2020 et février 2023, révèle une amélioration générale de la qualité de l’air, notamment une baisse des composés organiques volatils (COV), des aldéhydes et des particules. Ces progrès sont attribuables aux réglementations françaises qui ont interdit certaines substances et imposé un étiquetage sur les produits de construction, ainsi qu’à la diminution du tabagisme et aux efforts de sensibilisation.
Cependant, malgré ces avancées, une vigilance accrue reste indispensable. Le rapport de l’OQEI souligne la nécessité de « renforcer les efforts » face à certains polluants aux effets cancérogènes. Par exemple, le benzène et le tétrachloroéthylène, présents dans l’air intérieur, sont des sources de préoccupation. De plus, les particules fines (PM2,5) dépassent encore les valeurs de référence sanitaires dans près de 70% des logements, tandis que le radon est au-delà du seuil réglementaire dans 8% des cas, et le formaldéhyde dans 6% des habitations. Ces résultats mettent en lumière l’importance d’une ventilation adéquate et du choix de matériaux moins émissifs pour garantir un environnement intérieur sain.