
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) a été approuvé de justesse, le mardi 9 décembre, par les députés. Ce vote, obtenu à seulement 13 voix près, marque un tournant historique : c’est la première fois depuis 1958 qu’un texte budgétaire est adopté par une Assemblée aussi fragmentée, sans que le gouvernement n’ait recours à l’article 49.3. Cette démarche volontaire visait à favoriser la négociation avec les oppositions et à éviter une motion de censure.
Le scrutin a révélé des divisions inédites, avec des partis d’opposition, comme les socialistes et les écologistes, votant pour ou s’abstenant, tandis qu’une partie du « socle commun », incluant Horizons et Les Républicains (LR), a choisi l’abstention. Cette issue représente un succès notable pour le Premier ministre Sébastien Lecornu, qui, grâce à sa « méthode des petits pas », a réussi là où ses prédécesseurs avaient échoué. Sa stratégie de dialogue avec les socialistes a été qualifiée de « loyale » par les deux parties, contrastant avec l’approche de Michel Barnier, renversé en 2024 après avoir sollicité le Rassemblement national.
Ce vote est également une victoire pour Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste. Il a non seulement obtenu des concessions significatives, dont la suspension de la réforme des retraites, mais a aussi démontré la capacité du PS à rester un parti de gouvernement. Cela lui permet de se distinguer de La France insoumise et de repositionner le parti au centre de l’échiquier politique, à l’approche des élections municipales.
Malgré ces victoires politiques, le contenu du texte ne satisfait pleinement personne. La droite s’inquiète de l’abandon de la réforme des retraites et d’un déficit avoisinant les 20 milliards d’euros, regrettant le manque d’économies. Même au sein de la majorité, on évoque un « compromis boiteux ». Néanmoins, la majorité des députés a opté pour la responsabilité et la stabilité, refusant d’accroître l’incertitude politique. Un échec parlementaire aurait envoyé un signal négatif sur la capacité du Parlement à dégager des majorités, menaçant ainsi la démocratie représentative.
Il est encore trop tôt pour déterminer si ce « douloureux compromis » servira de modèle pour l’avenir politique français, notamment après 2027. Cependant, cette « expérience démocratique », selon Amélie de Montchalin, ministre des comptes publics, pourrait bien faire évoluer la culture parlementaire et ouvrir la voie à de futurs « contrats de coalition ».






