
Vivre à proximité des vignes augmente l’exposition aux pesticides. C’est la principale conclusion de l’étude PestiRiv, menée conjointement par Santé publique France (SPF) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), dont les résultats ont été publiés ce lundi. Cette étude d’ampleur nationale, lancée il y a près de quatre ans, visait à apporter une réponse scientifique aux inquiétudes des riverains concernant leur exposition aux produits phytopharmaceutiques utilisés dans la viticulture.
L’enquête PestiRiv est la première du genre à cette échelle, analysant objectivement l’exposition des populations vivant près de zones viticoles. Pour ce faire, 265 sites ont été étudiés dans six grandes régions viticoles françaises, incluant 1 946 adultes et 742 enfants. Des mesures ont été effectuées sur 56 substances dans l’air extérieur, l’air intérieur, les poussières des habitations, ainsi que dans l’urine et les cheveux des participants. Un groupe témoin, vivant loin de toute culture, a également été inclus pour comparaison.
Les résultats révèlent une surexposition des riverains des vignobles aux pesticides, avec une imprégnation biologique plus importante chez les adultes et les enfants vivant à moins de 500 mètres des vignes par rapport à ceux résidant à plus de 1 000 mètres de toute culture. Cette exposition est par ailleurs plus marquée durant les périodes de traitement des vignes. Même si les niveaux mesurés restent, selon l’Anses, en deçà des scénarios d’exposition les plus défavorables pris en compte pour les autorisations de mise sur le marché, les agences insistent sur la nécessité de réduire l’utilisation de ces substances au strict nécessaire.
Santé publique France et l’Anses préconisent donc d’agir à la source des contaminations en minimisant les traitements et leur dispersion, notamment via une application ambitieuse de la stratégie Ecophyto 2030. Ces conclusions, bien que centrées sur la viticulture, sont considérées comme extrapolables à d’autres cultures intensives. L’étude PestiRiv, dotée d’un budget de 11 millions d’euros, comble un manque crucial de données réelles sur l’exposition aux pesticides en France.