
La tragédie palestinienne semble être un éternel recommencement, s’aggravant à chaque fois dans le déni des droits fondamentaux de son peuple. En novembre 1917, le Royaume-Uni a officiellement soutenu « l’établissement d’un foyer national pour le peuple juif en Palestine » par la « déclaration Balfour », nommée d’après le chef de la diplomatie britannique. La population arabe, bien que majoritaire à plus de 90 %, n’était mentionnée que par défaut, réduite à des « communautés non juives » dont seuls les « droits civils et religieux » devaient être respectés.
Plus récemment, le 13 octobre, le président américain, Donald Trump, a célébré devant le Parlement israélien « l’aube historique d’un nouveau Moyen-Orient », marquant « la fin d’un âge de terreur et de mort » et « le début d’une grande concorde et d’une harmonie durable pour Israël et toutes les nations de ce qui sera bientôt une région vraiment magnifique ». Durant ce discours de plus d’une heure, les Palestiniens n’ont été mentionnés qu’à deux reprises, d’abord pour leur annoncer, ainsi qu’aux Israéliens, la fin de leur « cauchemar », puis pour les exhorter à « se détourner une fois pour toutes de la terreur et de la violence ».
Le parallèle entre ces deux événements est frappant. Dans les deux cas, la seule négociation authentique a été menée avec la direction sioniste, puis le gouvernement israélien. Les termes de la « déclaration Balfour » ont été âprement débattus à Londres avec les uns en 1917, tout comme ceux du « plan Trump » avec les autres cet automne, la partie palestinienne étant à chaque fois mise devant le fait accompli. À l’issue de la Première Guerre mondiale, la Société des nations a d’ailleurs incorporé l’intégralité de la « déclaration Balfour » au mandat qu’elle a confié au Royaume-Uni sur la Palestine, offrant ainsi un véritable blanc-seing international.
Le 13 octobre, le président américain est arrivé d’Israël, avec quatre heures de retard, dans la ville égyptienne de Charm El-Cheikh où l’attendaient une vingtaine de dirigeants arabes, musulmans et européens. L’essentiel pour Donald Trump était, après les ovations répétées à Jérusalem, de recueillir cette fois le soutien symbolique de ses homologues. Il a ensuite apposé sa signature à son plan pour Gaza, aux côtés de celles des présidents égyptien et turc, ainsi que de l’émir du Qatar. Ces événements soulignent une constante : le peuple palestinien reste souvent le grand oublié des discussions sur son propre avenir, malgré les enjeux géopolitiques majeurs.






